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La Bouche à Oreilles

mardi 9 mars 2021, par Cécile Guivarch

Entretien avec Marie-Anne Bruch par Cécile Guivarch

Bonjour chère Marie-Anne Bruch, vous tenez depuis quelques années , 2012 je crois, un blog qui s’appelle La Bouche à Oreilles avec comme sous-titre Bric à brac culturel. Effectivement on y trouve beaucoup de vos coups de cœur qu’ils soient littéraires - poésie, romans, essais, philosophie... - mais aussi cinématographiques, musicaux, picturaux... Comment avez-vous eu l’idée de créer ce blog ? A quelle nécessité répondait ce blog pour vous ?

Bonjour Cécile. Plusieurs envies ont motivé en 2012 la création de La Bouche à Oreilles. La principale était de faire connaître et apprécier la poésie contemporaine auprès d’un public non forcément initié. J’avais remarqué que, sur Internet et dans de nombreuses revues, la poésie contemporaine tendait à rester dans des îlots très spécialisés, et j’avais envie de la désenclaver un petit peu, de la mêler à d’autres arts et à d’autres genres littéraires. J’espérais que des amateurs de romans, des mélomanes ou des cinéphiles jettent un œil à la poésie de temps en temps, au hasard d’un clic !

Une autre envie, toute simple, était de rendre compte de mes lectures et éventuelles sorties et de pouvoir échanger à ce propos avec d’autres lecteurs. Avant de créer ce blog, il m’arrivait parfois, après une lecture ou un spectacle, de préciser et de développer mes impressions sur papier, de noter le pour et le contre, dans un but personnel, et La Bouche à Oreilles m’a permis de prolonger et d’étoffer ce travail. Enfin, une autre envie était de diffuser ponctuellement certains de mes poèmes et de faire connaître mon actualité (publications, recensions).

 

Pour les lecteurs qui ne vous connaissent pas encore, qui ne connaissent pas votre blog, quelle est votre bibliothèque idéale, votre discothèque et cinémathèque idéales ?

Il me semble que j’essaye de varier mes styles de lectures, de musiques ou de films, en alternant par exemple les classiques et les nouveautés, les auteurs français et étrangers, les « grand public » et les plus confidentiels. Malgré cette variété, je reconnais mon manque d’intérêt pour certains genres, comme le polar et le thriller, auxquels je suis allergique en littérature comme au cinéma. La littérature jeunesse, le style « dystopie », le récit de voyage ou d’aventure ne m’intéressent pas beaucoup non plus. Par contre, mon blog reflète bien ma prédilection pour la littérature et la poésie japonaises. Il illustre aussi mon intérêt pour les revues de poésie et pour certains éditeurs dont on parle peu (Le Contentieux, par exemple).
Quant à ma discothèque idéale, elle serait sûrement riche en musique classique, en jazz et en rock.

D’une manière générale, je crois qu’une bibliothèque, discothèque, cinémathèque, idéales doivent englober nos goûts personnels et s’élargir vers quelques régions inconnues !

 

Quelle exigence avez-vous à recenser, à rendre compte, que ce soit d’un livre, d’un film, d’une œuvre d’art, d’une pièce musicale ? Quelle importance pour vous de le faire ?

L’exigence que j’ai, quant à l’écriture de mes recensions, c’est d’abord l’honnêteté. Je ne cherche pas à encenser tout ce que je recense. Je ne m’interdis pas d’attaquer une œuvre qui me parait mauvaise, et surtout si je n’ai lu jusque-là à son sujet que des critiques dithyrambiques. Mais, dans la plupart des cas, je lis, je regarde et j’écoute des œuvres susceptibles de me plaire, donc les immenses déceptions sont rares. Parmi mes autres exigences, je dirais « une subjectivité raisonnée » : j’essaye de comprendre l’œuvre, les intentions de l’auteur, et de donner ma propre interprétation.

D’une manière générale, je n’ai pas de critères figés ou de grilles de lecture prédéfinies pour écrire mes recensions, j’essaye de rester ouverte et de m’adapter à chaque livre, film, disque, etc.

Quant à l’importance, pour moi, d’écrire des chroniques, je ne saurais pas l’expliquer autrement que par mon plaisir de le faire. Il y a aussi, sans doute, le besoin d’observer les œuvres des autres créateurs et de ne pas rester seulement en tête-à-tête avec ma propre poésie. Et puis, contribuer à faire connaître des œuvres qu’on aime est une activité très plaisante !

 

Vous ne lisez pas, ne regardez pas, n’écoutez pas forcément ce qui vient de paraître, parfois vous écrivez à propos de livres peut-être déjà lus par le passé, ou découverts au moment où peut-être il fallait les découvrir. Comment expliquez-vous cela ? Vous nous en parlez de ce pourquoi ne pas privilégier le récent, mais de faire resurgir des œuvres dans ce blog ?

Il est vrai que je ne cherche pas à suivre de très près l’actualité littéraire ou artistique. Bien sûr, cela peut arriver mais je n’en fais pas ma priorité. Cela tient surtout à mon goût personnel, à ce que j’aime lire, voir, écouter. Il m’arrive assez souvent de lire ou de relire des classiques, des poètes du 20ème siècle – les surréalistes par exemple – et j’éprouve le besoin d’en parler. Je choisis mes lectures en fonction de ma fantaisie, de mes centres d’intérêt ponctuels, de mes découvertes au hasard de telle promenade en librairie ou de telle discussion avec un ami.

J’attache autant d’importance aux écrivains, poètes, cinéastes, musiciens, anciens qu’à ceux d’aujourd’hui, ils sont susceptibles de m’influencer ou de me faire réfléchir tout autant. Par ailleurs, je trouve intéressant de parler d’un livre ou d’un film avec un recul de quelques années, voire de quelques décennies, car le temps écoulé met en évidence certaines forces et faiblesses, les effets de mode du passé ou les signes précurseurs d’avenir.

 

Pour vous, qu’entend-t-on par critique, par recension ? Est-ce un art selon vous ? Comment choisissez-vous ce que vous allez mettre en avant dans La Bouche à Oreilles ?

Je crois que le métier de critique consiste à juger les œuvres d’art de manière la plus argumentée possible, en s’appuyant sur une expertise dans ce domaine.
Pour ma part, je ne suis pas une critique professionnelle, je ne veux pas m’ériger en juge. Les mots de « recension » ou de « chronique » me semblent mieux coller à ma démarche. Plutôt que comme une critique, je me vois comme une poète qui donne ses impressions et ses réflexions au fil de ses lectures. Mais je donne des avis argumentés et j’explique quels sont mes critères de jugement afin que chacun se forge sa propre opinion selon ses propres goûts. D’ailleurs, souvent, mes chroniques détaillent alternativement ce qui m’a plu et ce qui m’a déplu dans une œuvre.

Il est possible que l’écriture de recensions soit une forme d’art – un art mineur, peut-être – mais, contrairement aux autres arts, la liberté est limitée, on doit rester dans le cadre de l’œuvre observée et ne pas trop déborder de son sujet, je pense. Quand j’écris un poème je me sens bien plus libre !

 

Avant de nous saluer pour un au-revoir, avez-vous des projets pour La Bouche à Oreilles ? Des souhaits d’évolution, de diffusion ?

Je souhaiterais effectivement organiser à l’avenir pour mon blog davantage de mois thématiques. J’ai par exemple, pour le printemps prochain, le projet de recenser des livres, des films et des recueils poétiques en rapport avec les arts et les artistes. Ce sera l’occasion de parler d’œuvres qui me tiennent à cœur, comme le recueil de Zéno Bianu consacré à Coltrane, ou encore le roman Térébenthine de Carole Fives sur l’art contemporain, et bien d’autres encore. Et dans les mois qui suivront j’espère pouvoir explorer d’autres thèmes également inspirants ! Sinon, j’espère que mon blog poursuivra son chemin sur sa lancée actuelle, qui me convient bien.
Merci Cécile de cette entrevue !

 

https://laboucheaoreilles.wordpress.com/


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