Bonjour, si je ne me trompe pas, les éditions des femmes, ont été créées en 1973, pouvez-vous nous parler de sa naissance et de la nécessité pour vous de créer ces éditions ? Était-ce également dans un but politique, dans un engagement féministe ?
Antoinette Fouque crée les éditions des femmes fin 1972, quatre ans après avoir cofondé, avec Monique Wittig et Josiane Chanel, dans la foulée de Mai 68, le Mouvement de libération des femmes au sein duquel elle propose une nouvelle pratique collective, « Psychanalyse et politique ». Soit un laboratoire de recherche questionnant la pensée dominante, pour trouver le chemin d’une pensée libérée de celle des grand maîtres et pour que les femmes adviennent comme sujets de leur histoire.
Il fallait donc qu’elles « prennent le stylo après avoir pris la parole » disait-elle alors, pour lutter contre l’effacement permanent des femmes et affirmer leur force créatrice. Le projet d’Antoinette Fouque et de ses amies est d’offrir aux femmes une terre d’accueil ouverte sur le monde pour exister en tant que femmes – « ouvrir le Mouvement à un public : publier [1] » – à travers à la fois des écrits politiques témoignant de leurs combats et de leurs luttes de libération et des textes littéraires cherchant à sortir d’une écriture normée prise dans la domination masculine ou cloisonnée dans les genres littéraires académiques, pour faire exister une écriture sexuée et matricielle.
Qu’il s’agisse de textes en prise directe avec les luttes des femmes ou de fiction, chaque publication est politique car, sur le terrain même de l’écriture, il y a, pour Antoinette Fouque et celles qui travaillent avec elle, « une lutte à mener, non pas contre l’écriture, mais contre le système actuel de production de l’écriture, qui est un système narcissique, quoi qu’on dise, lequel renvoie à quelque chose de l’ordre du phallus, de l’Un, et de l’exploitation du corps par de l’Un, de l’exploitation de la différence par du Même [2]. » « Il s’agit donc de le déconstruire pour « faire apparaître une écriture spécifiquement de femme, non pas féminine, mais plutôt “femelle” [3] », « liée au corps, au désir, à l’inconscient des femmes [4] ». Éditer porte ainsi un sens nouveau, c’est « assister des femmes écrivains, les aider à mettre au monde des textes-filles qui deviendront des textes-femmes [5]. »
Cette proposition éditoriale est entendue par un grand nombre de femmes qui écrivent. Certaines sont déjà publiées ailleurs et reconnues comme Hélène Cixous, lauréate en 1969 du prix Médicis pour son premier roman Dedans [6] et dont la maison publiera une trentaine de livres ; d’autres ne le sont pas encore, soit parce que les textes qu’elles proposent ont été refusés par les comités de lecture principalement masculins des maisons d’édition traditionnelles (comme Victoria Thérame dont le livre Hosto Blues, roman social sur la journée d’une infirmière, deviendra un des best-sellers de la maison d’édition), soit parce qu’elles ne se reconnaissent pas « écrivaines » dans un système qui leur fait violence et ne les entend pas (comme Chantal Chawaf, Jacqueline Merville ou Michèle Ramond).
Les autrices trouvent là une écoute et une attention singulières dans une grande liberté : pas de droit de préférence exigé pour les primo-publiées, pas d’assignation à un genre littéraire donné, l’écriture est sans frontières – fiction, poésie, fiction poétique, poésie en prose… Le livre en gestation naît d’un dialogue constant qu’il s’agisse de la mise au point du texte publié, de sa présentation ou de la maquette et de sa couverture. C’est véritablement, pour l’équipe, l’accomplissement d’un travail de sage-femme comme l’a souvent qualifié la fondatrice de la maison d’édition.
Première maison d’édition en Europe dédiée à l’écriture et aux luttes des femmes, sa naissance est, d’emblée, perçue et saluée comme un événement majeur dans le paysage culturel de l’époque, alors que paraissent au printemps 1974 les trois premiers livres. Elle va impulser une libération de la parole comme de l’écriture des femmes avec des textes aux thèmes subversifs et novateurs tandis que les luttes des femmes se multiplient et s’amplifient dans le monde entier, ce dont la maison d’édition se fait également l’écho. Cette initiative, pionnière va permettre aux écrivaines d’être enfin considérées par les grands éditeurs qui leur ouvrent enfin largement leur porte.
Vous publiez donc principalement des femmes, dans quelle mesure pourriez-vous dire que la poésie des femmes est importante ? Qu’apportent les femmes à la littérature, à notre vision du monde ?
Antoinette Fouque avait une passion pour la poésie, qu’elle voyait comme une expérience de sortie du langage pouvant faire écho à sa recherche sur le matriciel. Ainsi : « “La poésie comme expérience” de libération, de sortie du langage, parfois analogue à l’expérience mystique, se mettait naturellement en alliance, en relation, en écho pour moi avec la gestation, expérience en dehors du langage, bond au dehors du langage dans l’intimité de la chair. Le caractère utopique et antitotalitaire de ces deux mondes, l’arrière-pays d’avant dont se préoccupent les poètes et l’obscur destin qui nous devance, liait indissociablement, pour moi, le poétique et le politique [7] » a-t-elle dit à propos de la création de la maison d’édition. Elle a d’ailleurs qualifié la ligne éditoriale de la maison de poéthique [8]
Les poétesses publiées par la maison d’édition ont une œuvre qui a à voir avec cette recherche : qu’il s’agisse des Américaines Sylvia Plath (première traduction d’Ariel en 1978, trad. de Laure Vernière) et Anne Sexton (Tu vis ou tu meurs, œuvres poétiques 1960-1969, trad. de l’anglais par Sabine Huynh, 2022), de l’Italienne Patrizia Cavalli (trad. D Faugeras & P. Janot), de l’Argentine Silvina Ocampo (notamment Inventions du souvenir, 2021, trad. d’Anne Picard) de la Brésilienne Conçeição Evaristo qui a inventé le concept d’escrevivência (Poèmes de la mémoire et autres mouvements, 2019, trad. de Rose Mary Osorio et Pierre Grouix, édition bilingue), de la Chinoise Zhai Yongming (La Chanson de la beauté du temps, trad. He Yuhong, 2023) ou des écrivaines françaises Jacqueline Merville (Ces pères-là, 2016) et Catherine Weinzaepflen (Avec Ingeborg, 2015 ; Le temps du tableau, 2008).
Vous avez publié aussi des œuvres de femmes qui vivaient dans des pays en guerre, je pense par exemple à ce très beau livre de Louba Yakymtchouk, Les Abricots du Donbas, qu’est-ce que cela représente pour vous ces écrits en temps de guerre ?
La solidarité avec les femmes du monde entier, en lutte pour leur vie, leurs droits et leurs libertés est au cœur du projet de cette maison d’édition qui a été créée dans la foulée du Mouvement de libération des femmes, mouvement d’emblée international. En lien avec ses nombreuses actions, la maison d’édition s’engage dès sa création aux côtés de femmes en luttes à travers le monde pour les faire connaître mais aussi pour les aider, voire les sauver, lorsqu’elles se retrouvent emprisonnées ou menacées de mort. La publication est un outil à part entière des mobilisations et des campagnes de solidarité du MLF. La liste est très longue mais on peut citer quelques campagnes emblématiques des premières années : En 1974, Eva Forest, militante basque anti franquiste emprisonnée, écrit, depuis sa cellule, son journal et des lettres à ses enfants que la maison d’édition publiera dans l’urgence l’année suivante (Journal et lettres de prison, puis Témoignages de luttes et de résistance en 1978). Lidia Falcon, avocate féministe très engagée est également arrêtée la même année ; ses Lettres à une idiote espagnole dont la destinataire est précisément Eva Forest seront traduites et publiées également en 1975.
En mars 1979, après la prise de pouvoir de l’ayatollah Khomeiny, les femmes iraniennes se mobilisent pour refuser l’obligation du tchador imposé par les religieux et pour les droits et libertés des femmes. En concertation avec la féministe américaine Kate Millett, Antoinette Fouque organise la présence de quatre militantes du MLF Psychanalyse et politique dans les manifestations à Téhéran. Des militantes et une caméra qui captent le seul document filmé de ces journées historiques (Iran, Mouvement de libération des femmes, année zéro). Peu après, la maison d’édition publie le livre de Kate Millett, En Iran. Puis les années passeront et un nouvel élan des femmes bouleverse aujourd’hui le pays. Donné par les nouvelles générations mais aussi par celles qui s’étaient engagées à l’époque, qui se sont reconnues et retrouvées ce dont témoigne l’ouvrage collectif illustré, Des Iraniennes, Femmes, vie, liberté 1979-2023, à paraître en septembre 2024.
Cette solidarité s’est poursuivie sans interruption depuis le début en fonction des conflits qui secouent le monde et des situations de celles qui résistent héroïquement à la misogynie et au totalitarisme qui vont de pair : on rencontre dans le catalogue de la maison d’édition des femmes d’action et de courage, venues de tous les continents et publiées au fil des années : des dissidentes russes au temps de l’URSS ; l’Égyptienne récemment disparue, Nawal el Saadawi ; la Vietnamienne Duong Thu Huong ; la Kurde Leyla Zana, la militante sociale argentine d’origine indienne, Milagro Sala ; des femmes qui ont été obligées de s’exiler comme la Bangalaise Taslima Nasreen, la Turque Aslı Erdogan, la Kurde Zehra Doğan, des militantes très engagées comme Pinar Selek (Turquie) ou la survivante Tatiana Mukanire Bandalire (RDC)...
Cette dernière se bat notamment pour faire reconnaître le viol de masse comme un crime contre l’humanité. Son livre, Au-delà de nos larmes, préfacé par le docteur Mukwege, est paru en novembre 2021. Le publier, c’est participer à la prise de conscience de l’horreur des crimes commis en RDC, du viol de guerre comme arme de destruction des femmes partout dans le monde.
Pinar Selek – sociologue, autrice et militante turque exilée en France et victime d’un acharnement judiciaire de la part des autorités turques depuis 25 ans – cherchait une « vraie maison » pouvant accueillir et défendre ses textes, une maison comme la nôtre, engagée et solidaire des combats des femmes. C’est ainsi qu’est accueilli Azucena ou Les fourmis zinzines, tendre roman plein de poésie et d’humanité, paru en avril 2022, suivi, en septembre 2023, d’un manifeste très politique et courageux, Le chaudron militaire turc, un exemple de production de la violence masculine.
D’autres ont répondu présentes lorsque les éditions des femmes-Antoinette Fouque leur ont proposé de participer à la collection « Femmes de tous les pays ». Ce parcours politique sans frontières, ce souci constant de la transmission participent aujourd’hui de la nouvelle prise de parole des femmes et à leurs luttes incessantes pour leur libération.
Si vous nous parliez de quelques livres de femmes poètes que vous avez publiées et dont vous êtes particulièrement attachée ?
Nous sommes fières de toutes les femmes que nous avons publiées car nous sommes une maison d’édition indépendante non capitalistique, ce qui est un luxe qui se paye cher : publier, c’est se battre en permanence pour exister alors que l’on assiste à une concentration de plus en plus importante de grands groupes d’édition. Tous les titres que nous avons édités ont été choisis pour leurs seules qualités.
En poésie, nous évoquerons celle de Conceição Evaristo, une femme issue d’une favela de Belo Horizonte devenue une des plus grandes voix de la littérature brésilienne contemporaine. Son recueil Poèmes de la mémoire et autres mouvements est bouleversant. Elle y tisse une filiation mémorielle mère/grand-mère/fille/petite-fille pour retrouver une mémoire interdite parce que coupée de ses racines par l’esclavage, une mémoire à la fois douloureuse, charnelle, vivante. « La voix de ma mère/ a fait tout bas écho à la révolte/ au fond des cuisines des autres/ en-dessous des piles/ de linge sale des Blancs/ par le chemin poussiéreux/ menant à la favela/ Ma voix fait encore/ écho aux vers perplexes/ avec des rimes de sang/ et/ de faim », mais « La résonance se fera entendre/ dans la voix de ma fille/ L’écho de la Vie-liberté ».
Il faut également évoquer la poésie d’Anne Sexton, (1928-1974) prix Pulitzer 1967 pour son recueil Tu vis ou tu meurs, contemporaine et amie de Sylvia Plath, mais quasi inconnue en France jusqu’à ce que nous la publions en 2022. Anne Sexton écrit, dans un style novateur et transgressif, une poésie de l’intime, celui d’une femme abordant des thèmes absents de la poésie de son époque, tels les menstrues, les relations mère-fille, la psychanalyse, l’inceste, l’avortement, son utérus, par exemple dans le poème « Fêter ma matrice » : « Chaque être en moi est un oiseau/Je bats toutes mes ailes./Ils voulaient te retrancher de moi
mais ils ne le feront pas./Ils disaient que tu étais infiniment vide/mais tu ne l’es pas./Ils disaient que tu étais si malade que tu agonisais/mais ils avaient tort./Tu chantes comme une écolière./Tu n’es pas déchirée. »
Que pensez-vous de la place des femmes en 2023 dans la poésie, la littérature ? Leur place a-t-elle évolué ou bien il y a encore du chemin à parcourir selon vous ?
C’est une vaste question. La place des femmes en poésie et en littérature a évidemment beaucoup évolué depuis la création de la maison d’édition qui a ouvert la voie. À l’époque, comme nous l’avons déjà évoqué, les premiers romans d’écrivaines étaient peu accueillis, les éditeurs traditionnels estimant qu’elles auraient moins de succès que leurs coréligionnaires masculins. Alors la poésie…. Elles étaient absentes des jurys littéraires (à part le Femina qui avait été créé au début du XXe siècle pour combler cette absence criante et le cas de Colette Présidente du jury du prix Renaissance créé en 1921) et peu récipendiaires de ces dits prix. Quant à celles qui les avaient précédées, elles étaient reléguées aux archives, leurs œuvres non suivies dans les catalogues (cas, par exemple, de George Sand dont l’œuvre immense et plus importante que celle de Balzac n’a été véritablement remise à l’honneur qu’à l’occasion du Bicentenaire de sa naissance en 2005).
Aujourd’hui, les écrivaines ne connaissent pas toutes ces mêmes difficultés et sont quand même bien présentes. C’est peut-être aussi parce que de plus en plus de femmes deviennent éditrices ou intègrent les comités éditoriaux de grandes maisons d’édition quand elles n’en prennent pas la direction. On peut relever que plusieurs grandes écrivaines ont reçu ces dernières années le Prix Nobel de littérature (dont Annie Ernaux pour la France) parmi lesquelles, une poétesse américaine de premier plan, Louise Glück, disparue tout récemment.
Cependant, il y a évidemment encore beaucoup de chemin à parcourir car, quoiqu’il en soit des progrès, les chiffres ne trompent pas : selon des données du Ministère de la culture (Observatoire de l’égalité femmes hommes dans la culture et la communication), la production éditoriale annuelle française comporterait 38% de textes d’autrices. On est loin d’une parité. Et seules trois autrices sont au programme du bac littéraire en 2023 ! Olympe de Gouges, Colette et Hélène d’Orion, poétesse québécoise contemporaine, la première vivante à intégrer ce programme… Le chemin est donc encore long…
Comment choisissez-vous les ouvrages que vous publiez ? Quelle est la place de la poésie dans votre catalogue ? Quelle est la place accordée à la voix ?
La poésie des femmes suscite beaucoup d’intérêt aujourd’hui – nous le constatons tous les jours dans notre librairie -et cela n’a rien d’étonnant au fond. Les femmes poètes que nous choisissons de publier travaillent la langue pour la déconstruire comme beaucoup de poètes hommes, mais elles s’intéressent davantage à la question de l’origine et de la transmission d’un savoir, d’une connaissance qui leur est propre, ce qu’Antoinette Fouque a nommé « la libido creandi » des femmes, leur génie singulier. Cette recherche, ce travail de la langue intéresse les jeunes générations qui ont souvent découvert la poésie quand elles ne la pratiquent pas elles-mêmes, à travers une culture orale, celle du slam. Et nous rejoignons là la question de la place de la voix dans tout ça.
Comme vous le savez, Antoinette Fouque a été une pionnière en la matière en créant, en 1980, « La Bibliothèque des voix », première collection de « livres parlants » en France qui bouleverse l’expression éditoriale : des auteurs et des autrices lisent leurs propres textes.la première collection de « livres parlants » pour adultes, la très belle « Bibliothèque des voix ». « Je crois que par l’oreille on peut aller très loin... On n’a peut-être pas encore commencé à penser la voix. Une voix, c’est l’Orient du texte, son commencement. La lecture doit libérer, faire entendre la voix du texte - qui n’est pas la voix de l’auteur.e… [9] » a-t-elle pu dire à l’époque.
Après de nombreuses années où les éditions des femmes ont défriché seules le terrain quand elles n’ont pas été critiquées pour cette initiative [10], les éditeurs traditionnels leur ont petit à petit emboîté le pas. Aujourd’hui les plus grands d’entre eux ont une collection de livres audio. Cependant, sans doute pas pour les mêmes raisons que celles qui ont conduit Antoinette Fouque à créer cette collection prestigieuse. Elle l’a imaginée pour sa mère qui ne savait ni lire ni écrire, pour sa fille adolescente qui ne trouvait pas le temps d’ouvrir un livre, et pour toutes les femmes qui, dans leurs activités multiples, ont les mains occupées et la tête libre.
Le désir qui la guide est le même que celui qui l’a amenée à créer la maison d’édition : réconcilier l’oral et l’écrit, « programmer une écriture qui n’écraserait pas l’oralité, qui ne la soumettrait ni ne s’y soumettrait, mais qui partagerait, qui ouvrirait à la géni(t)alité de la langue ». Il y a, pense-t-elle, de l’écriture dans l’oral et de l’oralité dans l’écrit.
Ainsi, ont vu le jour en quarante ans, plus de 180 livres audio : textes classiques lus par des interprètes de premier plan (parmi lesquels Anouk Aimé, Fanny Ardant, Pierre Arditi, Ariane Ascaride, Marie-Christine Barrault, Dominique Blanc, Carole Bouquet, Anne Consigny, Catherine Deneuve, Nicole Garcia, Juliette Gréco, Anouk Grinberg, Barbara Hendricks, Isabelle Huppert, Micha Lescot, Noémie Lvovsky, Daniel Mesguich, Corinne Masiero, Michèle Morgan, Anna Mouglalis, Michel Piccoli, Dominique Reymond, Catherine Ringer, Jean-Louis Trintignant, Marina Vlady, etc.) et textes contemporains lus par leurs auteurs ou autrices (Andrée Chedid, Marguerite Duras, Jacques Derrida, Julien Gracq, Françoise Sagan, Nathalie Sarraute… et plus récemment Sarah Biasini, Isabelle Carré, Marie Darrieussecq, Florence Delay, Annie Ernaux, Sylvie Germain, Charles Juliet…).
Quels sont vos projets de publication à venir ? Ont-ils un lien en réaction à notre monde actuel et lequel ?
« Aujourd’hui, nous sommes devenues poètes et nous écrivons nous-mêmes notre condition. Ici, nous chantons la gestation et les femmes fécondes, le mouvement par excellence qui déplace les lignes, qui pleure, qui rit, qui chante et qui s’anime, le désir de création permanent au corps de toute femme – ouvrage de dame ou œuvre de génie, dans la tapisserie au petit point comme dans la grossesse. Accomplissement – inachèvement sans fin », a écrit Antoinette Fouque dans sa préface au Dictionnaire universel des créatrices, qu’elle a codirigé avec Béatrice Didier et Mireille Calle-Gruber.
Eh bien, c’est toujours notre programme. Avec près de 1000 titres publiés depuis leur création, les éditions des femmes-Antoinette Fouque poursuivent ainsi leur route, dans le désir de faire vivre et transmettre aux nouvelles générations cet apport culturel et politique exceptionnel, de continuer à se faire l’écho des luttes actuelles des femmes et de faire connaître une nouvelle génération d’écrivaines en recherche.
Christine Villeneuve et Elisabeth Nicoli
Co-directrices
Entretien par Cécile Guivarch