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Les Cahiers du Museur, Alain Freixe, entretien avec Florence Saint-Roch

mardi 23 octobre 2018, par Florence Saint Roch

Comment l’idée des Cahiers du Museur t’est-elle venue ?

J’ai beaucoup d’amis peintres, Leonardo Rosa, Martin Miguel, Anne Slacik, ou encore Jean-Jacques Laurent, pour ne citer qu’eux, et j’ai toujours été intéressé – séduit ! – par les livres d’artistes, qui font dialoguer, résonner poésie et peinture (ou tout autre geste d’expression plastique, dessin, aquarelle, monotype, collage, etc.). Sollicité, encouragé par ces amis peintres, j’ai créé les Cahiers du Museur : des livres d’artistes qui naissent de l’amitié, et qui de façon palpable, visible, la célèbrent.
Les Cahiers du Museur comportent trois collections :
- la collection « À côté », qui fait écho à un poème de La Parole en archipel ; au sujet du poète, Char déclare : « si l’on invoque à son propos les astres, il répond qu’il est du pays d’à côté, du ciel qui vient d’être englouti ». Matériellement, il s’agit d’un A3 plié en deux, sur beau papier, du Moulin du coq 325 g, grain torchon. Chaque « À côté » est tiré à 21 exemplaires, dont trois exemplaires pour le poète, autant pour l’artiste, autant pour des collectionneurs fidèles et le fonds.
- la collection « Mano a mano » : l’ouvrage comporte 2 feuilles d’Arches de 260 g de format 56x18 pliées en quatre. Dans l’une, le poète a la main ; dans l’autre, c’est l’artiste. Et chacun, à tour de rôle, et selon son mode d’expression, « répond » à l’autre. Les deux feuilles sont réunies sous couverture ; 11 ou 13 exemplaires sont édités.
- la collection « Connivence », fait aussi dialoguer un poète et un peintre ; un seul livre par an voit le jour, il est tiré à 11 exemplaires sous étui toilé.

Que signifie ce nom, les Cahiers du Museur ?

Ce terme de « museur » me vient de Chrétien de Troyes : dans Le Conte du Graal, Perceval, hypnotisé par trois gouttes de sang dans la neige, « muse toute la matinée ». « Muser » n’est pas « rêver », c’est être bouleversé – de ce bouleversement intime et profond qui nous laisse sans voix, sans mots. Perceval est ailleurs, comme attiré dans un autre lieu où pour la première fois parle en lui quelqu’un qui n’a jamais eu la parole : fascination troublante, à l’image de celle que suscitent en nous l’art et la poésie…

Comment cette collection se constitue-t-elle, ou plutôt se continue-t-elle ?

Depuis 2007, j’ai publié 250 ouvrages. Soit, à peu de choses près, 25 par an, ce qui est énorme. La collection « À côté » s’étend à la manière des rhizomes, ou plutôt des stolons. Y sont présents des gens connus ou inconnus, que je connais ou que je ne connais pas. Ce sont essentiellement des histoires d’amitié – je sollicite un poète qui me propose de travailler avec un de ses amis peintres, qui lui-même propose ensuite de travailler avec un autre de ses amis, etc. Les « À côté » ont leurs collectionneurs : certains, par exemple, collectionnent les exemplaires auxquels participe Bernard Noël.

Quelle visibilité a-t-elle ?

Les Cahiers du Museur ont été exposés en 2015, à l’occasion de la semaine de la poésie, dans les locaux de l’ESPE de Clermont-Ferrand, à la galerie Depardieu et à la Conciergerie Gounod, à Nice, en 2017. Ils sont aussi exposés par les poètes ou les artistes lors de salons, de festivals (Mouans-Sartoux, Vence, Mers-sur-Indre) ou de rencontres (Saint-Omer).
En outre, la BMVR (Bibliothèque Municipale à Vocation Régionale) de Nice possède toute la collection, à l’exception des derniers (par manque de budget). La BM de Perpignan en acquiert un certain nombre tous les ans, la BM de Riom également.


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