Terre à ciel
Poésie d’aujourd’hui

Accueil > Bonnes maisons > Les Vanneaux

Les Vanneaux

mardi 16 avril 2013, par Cécile Guivarch

Lire l’entretien de Cécile Odartckenko, par Cécile Guivarch

Voir le site des Éditions Les Vanneaux


[lilas]— Extraits du catalogue —[/lilas]

Pierre Garnier La forêt

l’arbre s’introduit dans le
poème —
il le soutient.

Dans la forêt l’enfant regarde
le fil blanc du ruisseau

ils sont beaux ces moulins
qui, simultanément,
fabriquent du vent et du soleil.

Le vent s’énerve dans la forêt
— se calme sur les routes.



Michel Valprémy LILAS-ZONE – inventaire –

QUI DORT DANSE

(Quatre pages de bloc, 17 x 10, 5cm, agrafées au moyen d’une épingle)

La maison est fraîche, elle sent le foin et le jambon. C’est le premier jour des vacances. Il y a du soleil très-blanc au milieu de la cour, un paquet de lumière, une tonne et plus. J’attends patiemment que l’ombre des toits gagne du terrain. On ne peut pas déjà aller au bal. Dans l’arrière-cuisine, des femmes racontent qu’elles ont bu du vin le jour de leurs noces, du vin pour la première fois, le premier jour de leurs noces. Elles disent ensuite que ce n’était pas ce qu’elles croyaient, que ce n’était pas vraiment des vacances. Je veux que l’ombre recule, je veux marcher au bord d’une route en plein midi. Je veux danser tout seul au milieu de la cour, tout seul, tout de suite.



Constantin Kaïtéris Héroïnes

FEMME DE CONVERSATION ET DE FLEURS

Fil sans fin qui file dès l’enfance son désir,
sa frêle faim de mots qui danse et désire.

Elle dit ce qui la sort alors du désert
d’œil et de peau, sort sans nuance du désir.

Le temps bref fut le gong vibré du désordre
jeu de corps noués que cadence un désir.

Ans de soleil sûr fondant le désarroi,
fille-fleur, pré de vin, de sons, chance et désir.

Libre, autant que faire ce fut, et dénuement
loin des biens voulus, résistance et désir.

Si l’ordre, dur guetteur, mit en déshérence
ses rêves, en elle vit la constance du désir.



Michel Butor Octogénaire

L’invitation de l’origine

Le long des parois de nacre chaude
le torrent se précipite dans le canyon
Jusqu’au buisson ardent qui s’entrouvre

Devant la caverne alchimique où frémit
l’alambic habité de jeunes ossements
qui se durciront pour paraître au jour

Avec des paupières qui s’ouvriront
bordées de cils mouillés de flammes
sur les creusets de la vision



Jean-Paul Bota et David Hébert Venise (collection carnets nomades)

Mouette bercée à la pointe d’une palina à Orto. Elle n’existe pas plus qu’un rouleau de linoléum à mes pieds, un géranium s’encadrant aux fenêtres, liseré d’effluves. Il y a cette femme aussi étendant son linge là-bas, près d’elle, sur une étagère (de pin), jasmin, rose, etc., je lui prête le semblant d’un navire. Je dis : il s’éloigne sur des déserts d’eau, magnifiant poissons, algues, etc., passant à vol d’oiseau, les bricole (teintées de blanc), vers Murano, San Michele. Où J. Brodsky repose, immense au carré des étrangers, j’aime à m’avancer là… à ce moment, quelqu’un pour lui, cailloux (en pensée) sur sa tombe, dans le grincement d’une plate-forme – mouette ?



Jacques Abeille d’ombre

Ombre noyée
dans la lumière livide
d’une nuit nébuleuse

Ombre
Ombre s’arrachant
au froid murmure de l’eau
pour errer entre les ruines

mais que cherchez-vous Ombre
Ombre
quelle soif vous appelle
dans l’avidité des pierres éparses
et leur ultime mutisme

Ombre
noire poussière cardée
sur le silex de votre sang



Pierre Dhainaut Sur le vif prodigue

En haut, en bas, que doit-on dire ? ou bien devant
ou bien dans la mémoire, on tend les mains
longtemps, le plus longtemps possible, et le corps
après elles, on ne peut que prendre,
on se change en proies, on s’interrompt, déjà.

Qu’importe, le cri succède au cri de toutes parts,
le silence au silence, ce que ces noms évoquent,
sans que l’on puisse décider si c’est l’ordre
qui convient : que l’écho persévère ou qu’il s’égare,
le rythme, au moins, ne saurait s’interrompre.



Raymond Farina Une colombe une autre

Courbes & figures nouvelles
s’esquissent vont se précisant
au cours de la leçon visible
d’une discipline inconnue

  • mi-magie mi-topologie –
    parfois s’effacent aussitôt
    parfois persistent se dilatent
    s’allongent se déploient au loin
    en d’imprévisibles cénèses
    ou se resserrent se contractent
    autour de quelque point
    mobile & invisible

Bookmark and Share


Réagir | Commenter

spip 3 inside | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0 Terre à ciel 2005-2013 | Textes & photos © Tous droits réservés