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11 - Filer le fil du poème - Juillet 2021

mercredi 14 juillet 2021, par Cécile Guivarch

L’air est clair.
Il n’y a pas de chemin ;
ma tête s’enfonce
dans un nuage et je grimpe.
Je sais que l’important
est de ne pas s’arrêter

écrit Diego Muzzio dans l’anthologie Poètes argentins à Paris présentée par Gérard Cartier. « C’est parti, les voix, la circulation des voix, la ronde des voix, leur toboggan » chante Gisèle Bienne. Oui, l’important, quelle que soit la saison, c’est de continuer à filer le fil du poème, avec plus ou moins de savoir, plus ou moins de bonheur, toujours dans la lumière fragile, étonnante et étonnée, que ce fil crée lui-même en sortant des mains occupées à le tordre, à l’ordonner au mieux, à le désordonner aussi quand la nécessité l’impose pour que surgissent sans arrêt de frêles clartés. Entre hier, aujourd’hui et demain tout entremêlés et parfois bien troués d’oubli, « les mots viennent, comme l’écume ils frangent les vagues des sensations, imbibent le sable-corps et y impriment les images » rappelle Danièle Faugeras. Ainsi, nous voilà emportés et retenus dans une vague que Terre à ciel prend à cœur de porter au plus loin, au plus vif. Alexis Pelletier, dans une formule ramassée, assure que « le poème est un désir sans fin », ce qui ne s’annonce pas forcément rassurant, ni de tout repos. Alors, les poètes recensés dans ce numéro de juillet réénoncent, énoncent encore et encore et pour notre plus grand plaisir « une fable de maison / autour de l’effort infini / d’un soleil minuscule » comme l’écrit Jacqueline Persini. De même des éditions, riches en projets, et des collaborations fécondes avec d’autres artistes découvrent de nouveaux horizons. L’été est propice à « l’effort infini » et heureux d’une lecture attentive dans les prés, dans la forêt, sur les places aux architectures baroques ou contemporaines de villes aux foules bigarrées, dans un musée (enfin ouvert !) au bord de la mer ou d’une rivière, tous ces lieux qui se révèlent comme le déclare Serge Ritman « un chemin d’inconnu immédiat / où je deviens tes naissances / sur les cartes du monde / tout le ciel / d’un visage dans les mains c’est ». L’été laisse le temps à la méditation aussi, au goût partagé des mots et des choses, même dans la plus grande solitude, immobile. Cette livraison, bien vivante, nourrira plus d’un d’entre nous et élargira jusqu’à le dilater notre sentiment d’exister, et jusqu’à quels aériens confins si nous écoutons, à la fois inquiets et enthousiastes, Marie-José Christien ?

L’arbre n’a que le vent
pour envisager
ses destinées lointaines

Françoise Delorme
Photo : Cécile Guivarch

Un ange à notre table

Terre à ciel des poètes

Voix du monde

L’arbre à paroles

A l’écoute

Paysages

Bonnes maisons

Bonnes feuilles

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