La poésie cet été n’a jamais été aussi pluie. La poésie et son Marché – aux planches de l’un nous préférons celles de l’autre, les planches d’écriture et ce qu’elles racontent de bois vivant et mort, de jeunes pousses et d’arbres centenaires, de forêts sauvages, leurs jeux d’ombre et de lumière. La poésie et ses principes, ses commencements, ses sources, prémisses, postulats, renoncements et recommencements. Sans elle, l’écriture ne s’ouvrira pas. La poésie et ses espaces, ses mots en exil, ses souffles qui courent, poésie des départs et des retours, à la ligne ou à la maison. La poésie et ses illuminations, ses fulgurances, ses éclairages, ses jouissances, ses égarements et ses détours. La poésie et ses corps, ses visages, ses lèvres, ses oreilles, ses cœurs jouant les mélodies, ses larmes ravalées, ses erreurs, ses faims, ses chevelures odorantes dans le soleil, ses ventres contractés par la danse, chairs et sangs et soifs d’ailleurs. La poésie et ses dédales, ses miroirs, ses doubles, ses fantômes. Ses autres noms, ses joies, ses renaissances, ses ouvertures, ses petits riens de mains tenues, de mains délivrées – émerveillement, effroi, face aux pierres, au silence, au vent, à l’herbe, à l’eau, au vide, au temps. La poésie toujours, qui parle toutes les langues. C’est cette poésie généreuse et déroutante qui abreuve le numéro d’été de Terre à ciel : buvons-la ensemble avec gratitude et humilité, avec les mains tendues de Paul Celan, car elle est cet échange qui nous mène à nous-mêmes.
Sabine Huynh, pour toute l’équipe de Terre à ciel.