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20- Le poème nous fait signe (Juillet 2024)

lundi 15 juillet 2024, par Cécile Guivarch

Hier /un poème / m’a écrit à la va-vite / il a griffonné quelques mots. Guéorgui Gospodinov l’a entendu et nous en fait part. Rapide ou longuement travaillé, métaphysique, politique, posé au bord du monde ou enraciné en lui, le poème nous fait signe et s’installe dans l’esprit, un instant ou plus longtemps. Dans la joie, Raphael Monticelli écrit : Oiseau tranquille au vol inverse oiseau / qui nidifie en l’air. Dans la douleur, Cécile Guivarch s’écrie : C’est la guerre – la vôtre et la mienne – J’ai perdu ma mère / je pleure tous les morts. Peut-être peut-on espérer qu’en les temps sombres et déréglés que nous traversons, ce pour assez longtemps probablement, ces quelques mots éclairent, même faiblement, un chemin, mais quel chemin ? En écho, écoutons Anne Bregani : Écrire me viendra / Comme une étoile au milieu de la main. La lumière, fragile, lointaine, et même improbable, quelle qu’elle soit, est un des objets de la quête poétique : Martina Kramer livre un riche dialogue entre matière et lumière, entre dessins et mots, cohésion de fines dentelles / écume au seuil d’un sens.

Si le poème brille telle une eau vive, ce sera comme le suggère France Burghelle Rey : La parole / comme une eau / lustre ton histoire [...] tu n’as plus peur de déborder. Ou alors, parmi les éléments, convoquer la terre ne se fera pas sans perte, mais dans l’élan violent de l’humus en train de se faire : la poésie, c’est de la terre creusée, décomposée, la poésie c’est sale. sale et fertile / si toi aussi tu étais de la grande terre qui remue (Hortense Raynal). Oui, la poésie s’essaie à prendre la parole pour tenter de s’y retrouver, de lancer des appels, de proposer des pistes. C’est un vrai risque à prendre : Ce que la poésie fait à nos jours / s’appelle parfois audace / et malgré l’usure et la tristesse / il est bon que cela arrive (Marie Huot). Ce n’est pas facile, avec simplement les mots en partage, les mots noués au réel qui ne cesse de dénouer la parole (Serge Nunez Tolin).

La possibilité de malgré tout s’égarer, en avançant, en s’élevant même, persistera : Point culminant / la présence du vent / sans table d’orientation (Pierre Tanguy). Une question de vérité ? Il se dit qu’il était perdu. Ou peut-être la carte mentait-elle ? se demande Sylvain Jamet. Et puis non, même bien souvent désorientés, les poètes continuent à chercher, entre vie précaire et parole tâtonnante. Ce qui se révèlera sera différent de ce qui était souhaité, toujours un peu incompréhensible : L’amour s’assied où il peut, sur les murs de la mélancolie ou sur les chevaux maigres de la pluie. L’amour ne voit pas ce qu’il fait (Alexandre Voisard). Le mystère d’exister restera entier. Abbas Kiarostami, grand cinéaste-peintre-poète iranien, nous le rappelle : plus je réfléchis / moins je comprends / la blancheur de la neige. Préserver en nous les capacités d’étonnement et de réparation propres à l’enfance serait nécessaire ainsi que le désir d’être là, vivant, porté par l’effort de donner un autre tour au monde, d’attiser – un peu – la beauté, malgré les embûches innombrables : Tu te dévoues depuis ce temps-là / À recoudre la lumière / Ne t’en fais pas (Stève Wilifrid Mouguengui)

Françoise Delorme pour l’équipe de Terre à Ciel

 

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