Cécile Guivarch nous parle de la famille de sa mère, et de l’Espagne, dont elle est originaire. C’est un livre sur la lignée, les racines. Plusieurs histoires s’entremêlent dans ce recueil, la rencontre de ses grands-parents, le départ de son grand-père pour une contrée inconnue, la maternité de sa grand-mère, qui met au jour, seule, une petite fille, la guerre d’Espagne. Les mots cherchent à rendre sensible la vie qui a eu lieu, autrefois, avant qu’elle-même, Cécile, ne vienne au jour. Avant de naître, nous sommes toujours graine ou petit pois, et cette graine se transmet de génération en génération. Lorsque son grand-père part, il laisse une femme qui attend un enfant et qui doit affronter, seule, une naissance illégitime, le regard des autres, le travail aux champs. sa mère voudrait lui donner / le lait des premiers jours / pour le regard des autres / personne ne lui permet / ce qu’il faut pour être / cette mère-là. L’enfant grandit, élevée par sa propre grand-mère, joue aux épis de maïs, ses yeux brillent de tous les oiseaux dans le ciel. Scènes de la vie quotidienne, les femmes discutent, font la lessive, les hommes chuchotent des noms de code. Car, au loin, la guerre fait rage, beaucoup des leurs sont partis, qui ne reviendront pas. Ils ont aux pieds / les restes de la guerre / un frère dans le ciel / les fleurs ne faneront pas / un carré de terre. Ce sont des mots d’amour que Cécile Guivarch distille ici, car, face au poids du passé, à la tristesse, on ne peut dire que des mots d’amour / des poèmes où l’on sait le silence / entre chaque vers.
(Valérie Canat de Chizy)
Cécile Guivarch, Un petit peu d’herbes et des bruits d’amour
L’Arbre à paroles, Maison de la poésie d’Amay, BP 12, B-4540 Amay
7,50 €
