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La Lune bleue

mercredi 30 décembre 2015, par Cécile Guivarch

Comment est née la maison d’édition La Lune bleue ?

J’ai créé les éditions de la Lune bleue en mars 2010. J’ai toujours aimé fabriquer des livres : quelques feuilles volantes, un bout de ficelle pour la reliure… Mon premier livre, j’avais huit ans ! Puis j’ai découvert le livre d’artiste avec Marc Giai-Miniet, qui m’a publié en 2005 et en 2007 aux éditions ça presse. Nous avons d’ailleurs publié cette année (pour nos dix ans) Sur le fil de ma paupière, avec trois de ses gravures aux éditions le nain qui tousse. Marc Giai-Miniet m’a montré une autre manière de faire des livres, qui me plaît : le choix du papier, des couleurs, les images… En 2008, j’ai voulu fonder ma propre maison à travers une association avec des amis, mais aucun n’était vraiment partant… Puis en mars 2010, « déclic intérieur » : je me lance seule dans l’aventure avec « La Lune bleue » ! Le nom n’est pas anodin : la lune bleue est la treizième pleine lune de l’année, un fait plutôt rare… j’ai ainsi voulu souligner le côté rare et précieux de mes petits livres – tirage à 50 exemplaires dont 5 tirages de tête (avec un original de l’artiste et un texte manuscrit du poète). Autre particularité : comme la double face de la lune, je propose un catalogue à la parité parfaite avec une parution « en couple » d’un poète homme et d’une poète femme.

Quelle(s) écriture(s) souhaitez-vous défendre ?

Le mieux est de citer certains poètes du catalogue : Myriam Montoya, Hervé Martin, Cécile Oumhani, Salah Al Hamdani, Gabrielle Althen, Gérard Noiret, Eva-Maria Berg, Marc Delouze, Aurélia Lassaque, Lionel Ray, Claudine Bertrand, Yves Prié…
Et je publie aussi des « premiers livres » de poètes méconnus en particulier dans le genre du haïku : Vincent Hoarau, Françoise Lonquety, Michel Duflo…

Comment choisissez-vous les auteurs que vous allez publier ?

Tout d’abord, je ne souhaite pas recevoir de manuscrit. C’est moi qui fais appel aux poètes et artistes avec qui je veux créer un livre. La liste des poètes que je désire publier est très longue ! Comme je ne fais que quatre livres par an, mon programme est complet au moins jusqu’en 2022 ! Je fais tout moi-même de manière artisanale. Je choisis le poète qui me propose un ensemble de huit petits textes (ou quatre en version bilingue) puis l’artiste à qui j’envoie les poèmes me soumet cinq images au format du livre. Je gère seule cette petite maison d’éditions qui est auto-financée ; je ne reçois aucun revenu de cette activité, la vente des livres me permettant juste d’en créer d’autres.

Arts et poésie sont-ils intimement liés dans vos projets d’édition ?

Oui ! Il s’agit de livres d’artistes qui associent un poète et un artiste plasticien. Je préfère d’ailleurs parler d’accompagnement que d’illustration. Les 50 exemplaires sont numérotés et signés par les auteurs. Sur les 30 recueils publiés, j’en ai accompagnés dix de mes images. 16 livres du catalogue sont déjà épuisés. Comme il s’agit d’une maison d’éditions à compte d’éditeur, sur les 50 exemplaires, j’en donne 15 au poètes et 10 au plasticien pour leurs droits d’auteur. Je ne fais jamais de retirage.

Quel est votre meilleur souvenir d’édition ?

Il y en a beaucoup…

Etre un petit éditeur, rencontrez-vous des difficultés ?

La Lune bleue est une maison d’édition à taille humaine. Je ne demande pas de subventions, c’est un choix délibéré : il est important pour moi de garder ma liberté et mon indépendance. Je n’ai pas le souhait non plus de développer davantage l’activité éditoriale.
La difficulté majeure serait la diffusion des livres et trouver des lecteurs… Internet joue un grand rôle mais je n’afflue pas non plus sous les commandes. C’est pourquoi je porte plusieurs casquettes !

Organisez-vous des événements en parallèle à vos activités éditoriales ?

J’anime des rencontres poétiques où j’invite des poètes et un musicien, l’occasion de faire découvrir des écritures et des univers particuliers. L’occasion aussi de pouvoir vendre quelques livres. Depuis mars 2015, j’organise le festival Trouées poétiques à Port-Louis et Riantec – Festival de poésie, d’art et de musique. La Lune bleue invite cinq de ses poètes. Pour la première édition, nous avions Marie-Josée Christien, Bruno Geneste, Jeanine Baude, Jean-Claude Touzeil et Lydia Padellec. Expositions d’artistes comme celle de Pierre Rosin, plusieurs rencontres avec les poètes et un salon du livre de poésie le dimanche. Je propose aussi un Concours poésie Jeunesse en direction des enfants et adolescents du Morbihan. Le président du Jury en 2015 était Jean-Claude Touzeil.

Quels sont vos projets à venir en terme d’éditions et d’événements ?

En 2016, la Lune bleue publiera Mérédith Le Dez (mars, dans le cadre des Trouées poétiques), Claude Beausoleil et Cécile A Holdban (juin, marché de la poésie de Paris) et Dominique Borée (septembre).
Le 27 février à la Médiathèque Pondichéry aura lieu la 6e Rencontre poétique de la Lune bleue avec le poète belge Luc Baba et la poète Mérédith Le Dez.
Les 11-12-13 mars se déroulera le 2e Festival Trouées poétiques avec les poètes Eva-Maria Berg, Gilles Cheval, Françoise Lonquety, Yves Prié et Mérédith Le Dez qui sera par ailleurs la Présidente du Jury du Concours poésie Jeunesse 2016. Les artistes Floriane Fagot et Chantal Couesbet exposeront à la Médiathèque Pondichéry. Le musicien et compositeur Arnaud Delpoux accompagnera les poètes dans leur lecture.
D’autres rencontres sont également en préparation.

En passant de Gérard Noiret, avec les peintures/collages de Lydia Padellec, 2011

Le saké sa loupe agrandit
Le nu au fond du verre
Tandis que les poissons
De l’aquarium
S’épuisent à figurer
La symbolique du couple

Chuchotis de Gabrielle Althen, avec les acryliques de Lydia Padellec, 2012

III

La pourriture s’endort dans le jardin des anges pieux. L’orage qu’on attend trouve sa mort dans ma bouche, où la lumière dépose sa promesse sur de vieux linges bleus.

L’homme qui fermait les yeux de Marc Delouze, avec les aquarelles de Marc Giai-Miniet, 2012

l’homme qui fermait les yeux ouvre la bouche

et la parole qui s’en échappe est un gros scarabée

qui tremble

balbutie

bafouille

tant ne parlait jusqu’à ce jour

qu’avec ses rêves

De seuil en seuil de Colette Nys-Mazure, avec les peintures de J-F Ramolino, 2013

II

Splendeur des aurores
Lorsque l’heure pleine
Ouvre son portail d’or
Le fourmillement des fleurs

Les parfums en pagaille
Et les trilles exubérantes
La saveur des fruits rouges
Au nid des feuillages

Table rase de Gilles Cheval, avec les peintures aluminium de FloFa, 2013

Sais-tu combien je n’en peux plus des lendemains qui chantent
combien d’hiers encore murissent à l’horizon de belles promesses
en veux-tu en voilà de l’amour en cavale sommeil éteint des
aujourd’huis sans suite combien de pentes à remonter à la surface
comme s’il suffisait pour vivre d’avoir les pieds sur terre
de battre des ailes pour ne pas mordre la poussière

Fenêtre sur nuit de Marie-Josée Christien, avec les peintures de Babeth Leroy, 2014

Dans le labyrinthe insondable
du souvenir
s’engouffre la lumière
calcinée
des tendresses

au tamis de la vitre
les rêves s’ensilencent
dans le bruit de l’ombre.

Reflets de varech de Bruno Geneste, avec les acryliques de Lydia Padellec, 2014

Sur les brisants
ce flot de pensée
cette transparence aux lisières
de mots saisis
dans la puissance
si soudaine
hors du monde


Hokusai Ushant de Jeanine Baude, avec les acryliques de Lydia Padellec, 2015

Toi, 1840, 80 ans
vieux peintre qui dessine
bec et ongles, le futur

Je regarde à rebours
ton rêve, ce geste qui lacère
couteau du sculpteur
la planche de merisier

Je glisse sur la brume
et je vois, traits d’encre dans le ciel
herbes nouées, armérias sur falaises
descendre ta force aimantée
qui désigne la joie sur fond d’épaves

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L’heure lente de Yves Prié, avec les peintures/collages de Lydia Padellec, 2015

Le temps est suspendu
le silence prend le monde
dans son épaisseur

Cette heure est lourde d’enfantements
le crépuscule creuse les visages
La nuit viendra y poser
son voile d’éternité

Chanson de l’air tremblant de Mérédith Le Dez, avec les gravures de Chantal Couesbet, 2016

Légende blanche
de l’air sur ma robe
silencieuse

la lumière aveuglante
prête à mon visage
le temps d’une photo
un sourire de fontaine

une rumeur
monte de la terre
à galop tendu
pour mon ventre
pour mes lèvres


Quelques liens

Site officiel
Le catalogue
La page Facebook
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