Mini-entretien avec Renaud Vincent, éditeur et galeriste, par Roselyne Sibille
Comment est née votre maison d’édition ?
Les éditions du Bourdaric sont nées en même temps que le démarrage du projet de galerie d’art : il m’a semblé naturel d’utiliser la galerie aussi comme un atelier dans lequel je fabrique physiquement les livres, et comme le lieu d’invention, de conception de tous les projets à mener.
Dans une région très touristique à la saisonnalité marquée, cela permet de travailler à l’année dans la galerie, même quand il n’y a pas un chat.
Quelles sont ses particularités ?
La particularité principale vient du lien fort qui existe entre la programmation de la galerie, dans et hors les murs, et les réalisations éditoriales. Ne sont édités que des livres qui soient en lien avec des rencontres ou des projets.
Je demande aux artistes de revisiter, de ré-interpréter le rapport au texte à chaque exemplaire du livre ; c’est une démarche qui a ses limites, mais qui constitue une formidable manière de dire l’infinitude de la création, la richesse de la matière littéraire et finalement, qui donne du sens à la rencontre.
Quelle idée de l’écriture défendez-vous ?
J’essaie d’accueillir des styles variés, une diversité qui témoigne plutôt de la richesse que de la limitation.
Avez-vous plusieurs collections ?
Oui en effet, certaines démarches, notamment celle qui consiste à inviter plusieurs artistes (collection Polyphonie) à poser leur regard sur le même texte, engendrent une formulation différente du projet et conduisent à la création d’une nouvelle collection.
Actuellement existent 3 collections distinctes (D’un jardin à l’autre, Polyphonie, Sous les étoiles), et une quatrième en germination.
Quel est votre meilleur souvenir d’édition ?
Le plus récent et le plus improbable est la reproduction sur 11 pages (dont 5 doubles entières) de feuillets de livres des éditions du Bourdaric dans le Figaro hors série de juin 2016. C’est un bon souvenir pour 3 raisons :
1) Il s’agit d’une couverture médiatique totalement inimaginable (et peut être inédite ?) pour des livres d’artiste.
2) L’utilisation des visuels des livres pour architecturer l’ensemble du magazine est une validation de ma démarche d’éditeur (ré-interprétation multiple du texte).
3) Devant la qualité du travail analytique/journalistique réalisé par la rédaction du Figaro, qualité dont le ton est donné dès l’éditorial, évidemment, le petit éditeur planqué au fin fond de l’Ardèche se dit que son travail n’est pas si mauvais que cela.
Et le pire ?
Seulement des déceptions, mais je préfère me souvenir, par exemple, du jour où Michel Houellebecq, avant de quitter l’Irlande pour rentrer en France, me donna son accord pour travailler sur un premier texte, ce moment m’avait rempli d’espoir et d’énergie.
Votre localisation à Vallon Pont d’Arc a-t-elle un sens particulier ?
Oui en effet, nous sommes nombreux je crois à partager cette idée de la décentralisation de la culture, et, la présence de lieux au cœur des campagnes va dans ce sens . Depuis son classement au patrimoine mondial de l’Unesco et la reconnaissance de la grotte Chauvet, la symbolique est forte de se trouver ici, et de participer à réaliser un pont entre la création de nos ancêtres très éloignés et celle de nos contemporains. On peut constater que depuis plus de 40000 ans l’art est une vraie constante de l’humanité. Je souhaite contribuer à la dynamique des expositions artistiques temporaires sur le site de la reconstitution, et mes contacts s’établissent dans cette énergie.
Des projets, des publications à venir ?
Bien entendu, les projets sont le carburant de la vie comme celui de nos éditions ; j’ai soif d’ouverture, et la perspective de travailler avec de nombreux partenaires et en direction d’autres cultures me réjouit.
Pour découvrir un des livres d’artistes (de la collection Polyphonie) publié aux éditions du Bourdaric : http://www.terreaciel.net/ecrire/?e...
Page établie grâce à la complicité de Roselyne Sibille
