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Calou Semin

samedi 5 janvier 2019, par Roselyne Sibille

Extraits du poème Aller-simple

Désir

(Celui qui monte n’a pas de toit
La vérité en est double
avec son appareil de nuages
malgré le vinaigre toujours présent à la source)

Progressez, genoux bas,
sur le temps éconduit

Vous ne savez qui de nous vous portera seul en terre

Dense et ramifié
tout ce que nous avons traversé était monde

Et toutes les âmes ne sont pas claires
au crépuscule altéré de la mémoire
intempestif et volatil

- Puissance sans titre de l’adieu -




Extraits de La forêt, le bord ultime, la lune et autres rivières

Peuple de l’immobile,
toute forêt est habitée par la nuit

Me faut y aller suivre les grands entretiens de la lune
et du silence

Je deviendrai définitivement très douce
je parlerai
et je serai enfin protégée par mon ombre

Mon nom ne sera plus qu’une étoile

pour répondre ainsi très follement au silence

 
Petit entretien avec Calou Semin par Clara Régy

Une chanson de Béranger disait « Natacha ton nom c’est déjà un voyage ». Pouvez-vous nous parler du choix de votre « pseudo » ?
Mon nom courant, Caroline Meunier, est vraiment très répandu. Il me convient parfaitement dans la vie courante, j’y suis même attachée, mais j’ai ressenti le besoin de prendre en ce qui concerne la poésie un nom plus personnel et profond.
Semin est le patronyme de ma famille maternelle. Ce nom évoque à la fois pour moi le verbe semer et le substantif chemin, deux mots et deux notions que j’aime tout particulièrement.
Calou est le surnom que me donnent mes proches depuis l’enfance, et l’association des deux forme un nom aussi authentique, me semble-t-il, et beaucoup plus intime que mon nom « civil ».

Quelle place occupe la poésie dans votre quotidien ?
J’ai aimé mon métier d’enseignante, mais je n’arrivais pas à trouver assez de disponibilité pour lire vraiment, et mettre en forme mes propres textes. J’ai donc choisi de le quitter pour me consacrer essentiellement à cette nécessité intérieure.
Il est important pour moi de consacrer, tous les jours, un peu de temps dévolu à moi-même et à la poésie. Ce peut être simplement par la lecture. Ou par ces instants de liberté si précieuse où l’essentiel consiste à rester attentif à ce qui surgit au plus profond de soi, comme l’explique de manière assez lumineuse à mon sens Pierre Dhainaut dans nombre de ses recueils. Les deux attitudes sont d’ailleurs liées puisque souvent des mots viennent à la lecture d’autres poèmes. Je sais alors que ce poète me touche vraiment puisque s’instaure une forme de communication au-delà du dialogue.
Je peux, pour des raisons impératives, mettre ce temps précieux entre parenthèses, mais, mes proches le savent, il ne faut pas que cela dure longtemps.
Pour peu que j’aie un peu de disponibilité intérieure, quelque chose qui ressemble à la poésie peut venir. Il est même des situations propices, comme le jardinage par exemple.
Et dans un monde où nombre de perspectives semblent de plus en plus noires, cela éclaire ma vie.

Quels sont les auteurs (poètes ou non) qui vous ont conduite à « l’écriture » ? Et ceux qui vous accompagnent aujourd’hui ?
Je pense qu’il faudrait remonter à tous les poèmes qu’on m’a donnés à lire et à apprendre dans l’enfance, notamment dans une excellente anthologie intitulée Premier livre de poésie.
Ensuite j’ai été subjuguée par la lecture d’Eluard, de Pierre Reverdy, et surtout de René Char.
Je ne dois pas oublier la découverte de la poésie classique chinoise, du haïku japonais bien sûr ; puis celle de François Villon, de Baudelaire, mais aussi de Racine et de Victor Hugo, ainsi que du Romancero espagnol et de Federico Garcia Lorca.
Voilà qui est bien éclectique, et en ce qui concerne les contemporains, c’est pire encore, tant sont nombreux ceux qui m’ouvrent des portes, d’une tonalité et d’une couleur différentes pour chacun. Ce sont vraiment des images musicales qui me viennent pour ces œuvres, non encore terminées, qui m’accompagnent effectivement. Je pourrais facilement trouver des écritures auxquelles je ne suis pas ou peu sensible, mais pour celles que j’aime, il me serait très difficile de citer des noms, bien qu’ils soient nombreux, car j’essaie de lire beaucoup.

Dernière habituelle question : si vous deviez définir la poésie en 3 ou 4 mots, quels seraient-ils ?
Mots qui chantent – au delà

Bio-bibliographie succincte :

Née en 1964, elle vit en région de Fontainebleau où elle a longtemps enseigné l’espagnol.
Ses poèmes ont été publiés dans les revues Voix d’encre, Arpa, Littérales, Concerto pour marées et silence, Verso, Poésie sur Seine, Le Journal des poètes, Terre à ciel et, prochainement, dans Ecrit(s) du Nord.
Son recueil Crépitement de l’obscur a obtenu le Prix Littérales en 2014 et a été publié chez ce même éditeur.
En 2016 ont paru Neigerai-je ? aux éditions La Porte, et Feu de paille minimal aux Editions du Petit Pois.
En juin 2017 est paru un recueil de textes intitulé Fragmentaire-bleue de l’instant en anthologie (volume II) dans le supplément de la revue Triages chez Tarabuste.


D’autres poèmes de Calou Semin sur Terre à ciel, en hommage à Fadwa Souleimane : https://www.terreaciel.net/Hommage-...


(Page réalisée grâce à la complicité de Roselyne Sibille)


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