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Hep ! Lectures fraîches ! Novembre 2018 (Cécile Guivarch)

dimanche 28 octobre 2018, par Cécile Guivarch

Tête en bas, Etienne Faure, Gallimard

Tête en bas, c’est être au monde dès le réveil et dans la langue – celle du pays qui nous accueille – ou celle du poème. Tête en bas, c’est tout ce que contient le monde, tout ce qui nous a construit, des ancêtres à aujourd’hui, dans la beauté mais aussi la violence. Tête en bas : pour marquer le nord et le sud, le ciel et la terre, les morts et les vivants. Tête en bas : plusieurs chapitres, chacun un tableau où la langue trouve son sens dans les mots, dans les livres. Tête en bas : « enfanter pour un peu moins mourir », écrire pour que les mots ne se tarissent pas. Lire Etienne Faure, c’est traverser les siècles, faire partie d’une lignée et se souvenir de ces personnes qui ont vécu et se sont figées dans une photographie ou un tableau. Ainsi « la vie s’étage » avec les morts et les vivants, à travers les objets laissés par les aïeux. Car nous descendons d’un arbre et que « le monde est pourrissoir, l’amour idem – / par les racines / dans un circuit de prédation puis de reproduction / à l’infini, grandeur nature ». La trace du temps se trouve jusque dans les statues et le rictus de ceux qu’elles représentent. Caractéristique de l’écriture d’Etienne Faure : l’attrait pour ce qui a été balayé par l’histoire. Le poète souligne l’importance de rappeler ces temps où des hommes ont dû fuir, ou bien sont tombés. Cela produit « un bruit sec d’intérêt national enfoui ». Rappeler que dans le paysage subsistent les vestiges des temps passés. Constat que le paysage d’aujourd’hui a changé, mais reste marqué par la vie d’autrefois.
La poésie d’Etienne Faure : puissance d’évocation. Juste regarder le paysage qu’il nous donne à lire et survient cette impression de retourner dans le temps. Ainsi voir les gestes, les sacs de pommes de terre portés sur le dos, les monastères, les rivières, les clochers et tout ce qui a subi l’Histoire.
Etienne Faure rappelle tout cela en passant également par l’observation de la peinture, par exemple Goya, Chagall et d’autres. L’ampleur de certaines batailles et de la vie du temps des rois entre autres. Les poèmes sont disposés en vers mais pourraient tout aussi bien l’être autrement. Le poète en fait par ailleurs l’expérience, pages 66 et 67 du recueil où la deuxième page reproduit celui de la page qui précède mais en occultant des mots. Cela donne l’idée alors au lecteur de prendre une certaine liberté à la lecture.
Recueil construit en douze chapitres, constitués de plusieurs poèmes. Le titre de chacun est à la fin, mais constitue à lui seul un vers, une sorte d’ouverture aussi. L’utilisation du pronom « je » est peu répandue car Etienne Faure écrit d’abord le monde, les hommes et l’histoire de l’humanité avant d’écrire la sienne. Il laisse une empreinte durable chez le lecteur. Il donne du corps au texte, une dynamique, un sens de l’observation hors du commun en poésie. Le poète fait également de la photo, grave l’instant autant que la mémoire. L’écriture est fluide, entraîne le lecteur. À la fois littéraire et poétique, Etienne Faure est une voix, assurément.

Puis l’aïeule au chignon serré,
lent chagrin noué à la gorge,
décidait de partir au motif
que la chair était triste, les livres lus,
poussant d’un geste unilatéral la chaise
dans un décor désormais inutile,
rideaux tirés pas où la lumière
d’été filtrait, découpant la silhouette,
et sans la mise en scène au fond d’un jardin
expirait un dimanche dans le discret
contre-jour de la chambre,
à l’insu de tous alors peu éclairés
qu’après l’appel de l’aïeule en été haut et court
de sa monocorde voix étranglée,
seule une chaise allait survivre
à ce désastre.

la chaise où tu t’assois

Par la fenêtre je me suis fait feuillage, Fabien Marquet, éditions Unicité

Ce qui est intéressant dans ce livre, c’est le cheminement de l’écriture à partir d’un même motif observé dans un feuillage. Le lecteur remarque d’emblée que les textes rassemblés dans ce recueil n’ont pas été écrits dans un même élan. Le livre est découpé en plusieurs parties, écrites à des périodes différentes et fruit de cinq années d’écriture. Cela commence par de courtes proses. Courtes mais denses. En les relisant plusieurs fois, on comprend que les mots ont différentes significations. Les parties qui suivent sont très distinctes. Fabien Marquet crée, donne plusieurs orientations à sa poésie. Il utilise le chant, le théâtre, les voix, la narration. Passe d’un style à l’autre. Il sait aussi écrire des textes condensés et forts de sens, des textes qu’on a envie de lire plusieurs fois pour les laisser résonner en soi.

D’exil je suis rentré
après la pluie la ville s’ébroue
rien ne bouge pour moi
qu’une poignée d’oiseaux

Revenons-en au titre : Par la fenêtre je me suis fait feuillage. Ce titre est également un vers du recueil et jalonne le livre, l’écriture. Il revient comme un leitmotiv. La fenêtre et le feuillage. Le soi et le dehors. Le soi et le temps. Les yeux et l’enfance. Le feuillage et nos humeurs. La fenêtre et nos pensées. Le rapport de dépendance de l’homme avec la modernité va jusqu’à dénaturer l’individu, le réduire à l’image de bête. C’est ici que la fenêtre prend son importance, car elle apporte à la bête, qui creuse et qui cherche, le miroir nécessaire pour s’appréhender et se renouveler. La question des oiseaux, du feuillage revient souvent un peu comme si l’œil voulait s’ouvrir comme une volière. Se glisse également une autre réflexion : « notre poésie est retournée dans le giron de la nature ». À cette affirmation, nous serions tentés de demander : serait-ce une bonne chose ? Beaucoup de poètes écrivent sur la nature, ce qui rend la tâche difficile à Fabien Marquet, car il est conscient que cette poésie sur la nature « est affaiblie par la lutte. Elle est pauvre elle est pâle et médiocre devant celles qui l’ont précédée ». Fabien Marquet s’est donc saisi là d’un thème dont il sait qu’il pourrait tomber dans une sorte de banalité. Mais il s’en sort très certainement, car il ne suffit pas de regarder, d’observer mais plutôt de faire l’effort de se détacher de son milieu pour « comprendre ce que signifie voir ». S’il s’en sort, c’est aussi car la langue et l’image se renouvellent en même temps que s’affirme le chemin pris à partir de l’observation d’un simple feuillage, dans le jardin. Un motif intériorisé par l’image pour rendre compte du regard. Il faudra suivre les prochaines publications de Fabien Marquet.

Secret des yeux bien gardés
chemin de mai en toute saison

J’ai des oiseaux plein la tête
ils se balancent comme des épis et puis s’envolent
mon regard s’est ouvert au-delà de la pluie
comme les bras d’une femme aimantée
je regarde mes mains cueillies par le travail

Âprès, Yannick Torlini, Editions Lurlure

Ce livre est dans la poursuite du travail de Yannick Torlini. Je me souviens avec émotion de ma lecture de Nous avons marché paru aux éditions Al Dante en 2014. Âprès est dans cette lignée, aussi dense. Il s’agit toutefois ici de cheminer vers un espoir, un après, face au désastre du monde. Mais si cet effort d’y croire est bien présent, au fil du livre, l’espoir s’amenuise. Écrire sur ce « quelque chose qui n’a jamais été là pour être vu ». Écrire car « il s’agit de rassembler dans la nuit ce qui peut être vu ». Écrire car le monde est contradiction. Écrire pour « rassembler les corps et les langues rassembler les hommes ». Aucune ponctuation dans la prose de Yannick Torlini, prose où s’immiscent quelques vers. L’écriture se déroule, interroge sur ce qu’il restera après le monde, après le dernier effondrement, après les guerres. Car « il existe une dernière étoile avant la nuit petit frère ». Car il y a de la fraternité et des mains qui se tendent. Garder espoir. L’écriture de Yannick Torlini fonctionne ainsi : « à ressasser à tourner à retourner encore le souvenir ». L’auteur use des répétitions, des inversions de sens, insiste, tourne autour du sujet, semble ne jamais l’épuiser et vient ancrer en son lecteur un message fort. Témoin du monde qui « tombe à la haine à l’amour et à l’espoir », il nous prend à témoin. Au-delà du désastre, il dit aussi ce qui est beau, ce qui demeure. Car si tout tombe, l’amour, lui, résiste. Mais l’espoir d’un « âprès » est entaché car « les cris des siècles passés continuent à résonner dans nos crânes ». Peut-être finalement que le monde est « presque mort ». Pourtant quand tout est voué à disparaître, quand les peuples oublient leur histoire, subsiste le « simple bonheur de se sentir vivant » et la nécessité d’aimer. Vivre et aimer comme des armes face aux guerres, face à l’horreur qui guette car dans « ce monde sombre », « il y a encore un espoir ». Quand « nous sommes envahis par les voix de ceux qui se sont tus », écrire pour montrer comment on s’y résigne, comment on s’y bat, comment on s’aime, comment on porte le poids de nos ancêtres. Et dans tous ces allers-retours entre le désastre et l’espoir, la langue de Yannick Torlini recueille ses impressions, dans un inventaire, de façon foisonnante. Une langue toute en pensées, à la fois en mouvement et dans le « refus du mouvement » ou bien dans l’incapacité du mouvement. Car peut-être s’agit-il d’accepter le monde, ou bien d’avancer sans imaginer. À moins qu’il ne s’agisse « d’une résistance et d’une obstination ». Une chose est certaine : « tout s’arrête il faut l’écrire ». Une mission : écrire pour laisser une trace alors que c’est déjà disparaître et lutter contre le mutisme. Ainsi s’installe une forme de résistance avec l’écriture. Une nécessité. Mais aussi une sorte d’épuisement car Yannick Torlini finit par conclure que l’effondrement du monde devrait cesser pour ne plus recommencer.

voir encore un peu et seulement si rien d’autre seulement si rien s’il s’agit de voir rien d’autre rien qu’un désastre et quelques instants seulement avant la nuit quelques instants et quelque chose qui s’éteint quelque chose qui n’a jamais été là pour être vu jamais été là toujours éteint il s’agit de voir quelque chose d’éteint quelque chose de la nuit et des mains quelque chose dans l’obstination et comme le lent travail de recueillement il s’agit de rassembler dans la nuit ce qui peut être vu

Les Extrémités, Bruno Normand, Lanskine

Des rencontres, des bribes de conversation, des lieux, des dates, des faits, l’histoire, le souvenir d’un ami disparu. Bruno Normand écrit, marche, voyage ou reste chez lui mais note, jusqu’aux dates et les noms du cimetière, car les morts aussi font partie de ces rencontres, tout comme les rencontres littéraires, artistiques ou celles faites sur un chantier. Les Extrémités vient dans la continuité de Des rapprochements et de Les énergies, nous. Trois recueils qui en réalité n’en forment qu’un seul. Les Extrémités : « un mouvement vers le Soi, le vide » afin peut-être de « consentir petit à petit à devenir plus vaste, plus rien ». Une écriture en fusion avec ce qui l’entoure. Le paysage, l’océan, les gens, la culture, la mythologie, l’alchimie des corps, la vie au sens large. Dialogues, extraits de journaux ou de livres, listes, phrases de la vie courante, poèmes. Car oui, la poésie est bien présente dans ce livre qui oscille entre les différentes extrémités de l’écriture de Bruno Normand. A lire après avoir lu ou relu les deux recueils précédents.

/[…] écrire c’est                  s’offrir, s’accorder au mouvement, le tenter
CE CONTOUR-LA.
ô
des traces                                                      de vertiges

/[…]
l’invisible fleur l’invisible cœur, l’invisible corps
   /ce sont
des pétales en fusion, c’est de l’herbe en fusion, c’est du paysage en fusion / par les chemins, les fossés, les prés, c’est […],
            là le cheval, les vaches en bas, les vaches en haut, les
                                               peupliers, le serpent où,
les insectes en feu, les insectes en vie, les douves vertes,

RIEN - de la poudre, le vert, le silence dur, l’écluse, la rivière, l’eau
/ concentré(e)(s)
sur QUOI/
sur un seul pétale,
sur tous les pétales d’une vie dans                                     le Lotus […]

Parcelle 101, Florence Saint-Roch, p.i.sage int.érieur

Un livre sur le jardinage… en ville… jardins ouvriers dit-on, enfin plus précisément, comme l’écrit Florence : « lotissement de petits jardins décrétés ouvriers d’abord familiaux ensuite ». Voilà un thème pour le moins original. Des livres de poésie sur le jardinage, il en existe, mais sur les jardins ouvriers, c’est plus rare. Et Florence Saint-Roch est rare. Donc voilà, l’histoire se déroule à Saint-Omer, car il s’agit bien ici d’un récit, une prose sans ponctuation, fluide, tonique et rafraîchissante. Trente-trois petits tableaux pour entrer dans une ambiance, une communauté où l’on sent le bonheur des beaux jours, la complicité et les liens qui se tissent entre les jardiniers, à travers les apéros et les pique-nique, mais aussi le travail de la terre, celle qui fait transpirer, à coups de désherbage et de bêchage. Une poésie entre la narration et l’oralité donne le ton de l’ouvrage. Une figure principale dans le livre pour laquelle on se prend d’affection : Rémi. Parcelle 101 est ponctué de « il est comme ça Rémi ». Parcelle 101 : c’est le numéro de ce bout de jardin à rafraîchir, à semer. Florence Saint-Roch, le temps de ce livre, le temps d’une saison, se transforme en jardinière, se heurte à la résistance de la terre. L’enfant en qui le père avait placé des espérances dans un avenir de jardinière a finalement préféré délaisser gants, arrosoir et binette pour ratisser les rayonnages de la bibliothèque. Excellent livre, enthousiasmant et donnant à voir le jardin autrement.

il s’approche me fait la bise ne peut s’empêcher de lire ce que je suis en train d’écrire l’invention du jardin c’est rigolo tu sais que j’en ai un pour de vrai un terrain de deux arpents dans le Bachelin il sourit me laisse le temps de me représenter c’est une trop grande surface pour moi ça te dirait de le partager dans mes yeux écarquillés il doit voir pousser des carottes et des navets un parc entier de fraises parfumées des rêves d’abondance façon Perrette et le pot au lait il ouvre la paume de sa main me la met sous le nez allez tope là c’est décidé il est comme ça Rémi vas-y tu verras la belle terre brune des marais parcelle cent un la cabane à outils est délabrée la barrière toute rouillée tu ne peux pas te tromper avec une telle publicité pas question de traîner l’après-midi même j’ai abandonné mes livres et mes cahiers j’ai enfourché mon vélo et hop j’y suis allée

Le fil de givre, Isabelle Lévesque, peintures Marie Alloy, Al Manar

De nouveau, Isabelle Lévesque évoque la blessure de l’absence, l’éloignement, la mort devenue fleur. « Tu es une fleur / ou / presque ». L’absence côtoie ce qui demeure, la nuit côtoie le jour, le deuil ce qui pourrait renaître. Isabelle Lévesque rend justesse et beauté aux mots. Elle évoque un temps qui est passé et nous a dispersés. Le pouvoir de l’écriture pour retrouver ce qu’on a perdu comme« pour conjurer l’oubli ». Écrire pour ne pas oublier et faire « revenir » par le poème, laisser trace et rester unis. Le poème est une promesse.
L’écriture d’Isabelle Lévesque se renouvelle de livre en livre. Les mots sont de plus en plus justes et se libèrent par la voix. Au départ, lire Isabelle Lévesque peut sembler difficile. Cette écriture ne se donne pas du premier abord, il faut faire l’effort d’y entrer. Mais Le fil de givre est bien différent des précédents recueils car ici l’amour est plus fort que l’écriture et permet de durer. « Aimer tient un verbe rond. Peut-être serons-nous plus forts que l’alphabet (…) ».

- Ouvre et lis entre les lignes.
Feuilles, la vigne ou le ciel : lis.
Rien ne saurait clore le geste,
je vais vers toi qui, loin.
Toi tes bras le jour
me retiennent.

Je n’oublie ni la mer
ni la roche,
je n’oublie pas le chemin
rose et noir, encre de seiche,
rose rocher, ronde ascension.
Je n’oublie aucun geste.

Naître c’est longtemps, Claudine Bohi, La tête à l’envers

Car « il n’est pas facile d’être né ». Car naissance rappelle aussi la séparation, la déchirure, la trace de ce qui nous fonde alors que donner naissance est un jaillissement, une force de vie. Ainsi, lire Claudine Bohi, c’est emprunter différentes directions.
Naître : une douleur. L’incendie des mots.
Naître : remuer la langue. Naître c’est un corps. C’est mourir aussi.
L’écriture de Claudine Bohi est brève. Toute en ellipses. Elle laisse naître la langue : « pour vivre / tu fais parole // c’est dans la bouche / que tu tentes / d’habiter ».
L’idée de naître reliée à l’idée d’écrire. L’idée du souffle.
On sent de la tension : naître pour souffrir, pour accepter que d’autres meurent. De le tension. Celui de l’accouchement mais aussi celui du deuil.
Naître : un effacement.
Naître : l’origine : « ce qui naît dans la bouche ».
Naître : cette « chair / verbale / qui nous met au monde ».
Naître pour délivrer la parole, « creuser la langue ».

être née
tu ne sais pas le faire
longtemps

tu retournes loin là où
c’est avant

perdue

tu confonds

Deux trois mots sans importance, Thierry Bodin-Hulin, Lanskine

Je lis peu de livres d’aphorismes mais j’ai passé un bon moment avec ceux de Thierry Bodin-Hulin. Deux trois mots sans importance, mais qui permettent de réfléchir sur le sens profond de soi, l’existence, les pensées au quotidien et de la place de chacun dans le monde. Pensées sur la vie, la mort, l’invention du monde, la famille, le temps, sans oublier ce qui semble anodin mais qui remplit nos vies. Comme une gorge nouée, la mer, les fleurs, les relations, la poésie… Aussi bien intimes qu’universels, les aphorismes de Thierry Bodin-Hulin sont écriture et vie.

« Un nombre seulement, celui de tous les hommes et femmes qui vont fouler la Terre. Cent milliards. Environ. Un parmi eux. »

« Au réveil, toujours la même question : serai-je bien aujourd’hui ? »

« Très tôt désiré vieillir. Qu’en est-il aujourd’hui ? Le vieil homme que je suis est le rêve d’alors. »

« De temps à autre, des périodes où les mots sont moins vitaux que le laisser vivre. »

L’Étrangère, Florence Noël, bleu d’encre

Un ensemble de textes brefs à l’écriture fluide qui répondent à plusieurs thématiques. Comment exister dans ce monde avec ses rêves d’enfance et de mère ? Être soi, être debout face au monde, prendre forme dans les yeux des autres. « Être seule en moi-même ». Il ne s’agit pas de soi uniquement, du moins d’une manière intime, mais aussi des autres femmes :« passer à ce jour où tu / et je / enfin ce regard / existerions ». La question de la pratique de l’écriture est très présente.
Naître et mourir rythment le livre mais entre les deux, on ressent la vie intensément ; la soif d’être en vie et ce souci d’exister pour soi et les autres.

il me faudra comprendre
avant que d’être vieille
ce détours
par la gravité des mots
ce soin m’est
irremplaçable
peut-être cette prescience :
nul consolant ne viendra
m’arracher à la peine
d’être seule en moi-
même
peut-être cet appel :
il reste des mots pour
communier à l’allégresse


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