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Poésie d’aujourd’hui

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Roland Nadaus

lundi 4 avril 2016, par Cécile Guivarch

Poète, romancier, pamphlétaire, conteur, Roland Nadaus a publié sous son nom une soixantaine d’ouvrages. Il collabore à de nombreuses revues en France et à l’étranger et figure dans plusieurs anthologies. Il a aussi bâti une ville dont il fut élu 31 ans, et où il a créé une Maison de la Poésie (Guyancourt/St-Quentin-en-Yvelines) qui vient hélas d’être fermée après 13 ans d’activité intense… Il a animé une émission mensuelle sur RCF pendant ces six dernières années : « Dieu écoute les poètes », collabore à plusieurs revues francophones et est présent dans de nombreuses anthologies de poésie. Les plus récentes : « Poésie de langue française » (Jean Orizet, Le Cherche Midi) ; «  L’insurrection poétique, un manifeste pour vivre ici  » (Bruno Doucey) ; « Charlibre  » et « L’insurrection poétique » (Corps-Puce). La revue Poésie sur Seine lui a consacré son n° de décembre 2015.

Prix international de poésie Antonio Viccaro (« Prix des 3 canettes ») décerné lors du Marché de la Poésie de Paris en relation avec le Festival International de Trois-Rivières (Québec) dont il fut l’invité. Grand Prix de l’Académie de Versailles et d’Ile-de-France « pour l’ensemble de son œuvre ». Officier des Arts et Lettres. Chevalier de la Légion d’Honneur. Officier des Palmes Académique. Abonné au gaz, à l’électricité, à l’internet, au téléphone et… à l’espérance.

Extrait de Vivre quand même parce que c’est comme ça

1 – à Jean Chatard

Le sentiment du pas grand chose l’entre deux
riens
le presque pas le presque plus

petite pluie sèche orage maigre d’
absences
de cendres même

et ce dégoût d’être au fond si peu d’être
rien
que le vertige qui te saisit

et te ceint l’esprit de fatigue
qui
en toi noie tout désir

toute espérance – sauf que vivre quand même
parce que
c’est comme ça

PARCE QUE ET RIEN D’AUTRE

Extrait de Tableaux d’une exposition de Modest M.**

Chanson de marche 2

On voudrait marcher
sur la Mort
_- comme Il marcha sur la Mer à jamais foulée à jamais morte sous ses pieds de Vivant…-
Ailleurs est dit-on
la Vie Vraie
_- celle des poètes et des saints celle des héros quand ils s’endorment inutiles et joyeux de chômer dans cette douce Apocalypse de jardiniers qui rêvent leur mort sans rêver verts petits grains de blé…-

Mais on ne marche
que sur soi
_- et sur son ombre recommencée sous le Soleil de l’Espérance qu’on prie de chaque jour refaire sa course haut sur haut front sur front matins sur matins empilés comme si l’Eternité était un grand sandwich…-

Alors un soir on
ne marche plus
_- on s’assied sur son ombre on s’accroupit comme une Négresse qui accouche et l’Evidence naît sombre et tranquille : on est rejoint par le matin de son Enfance…-

et la Mort alors
a comme des yeux de porcelaine
_- comme ces poupées qui parlent et qui marchent (quand on les fait marcher)…-

Extrait de Les Noms de la Ville**

Chemin de la Tour de Feu

Le Chemin de la Tour de Feu ! Bien sûr il y a à Guyancourt plein de noms de poètes : il paraît qu’il n’y a aucune ville où il y en a autant, de Du Bellay à Boris Vian, d’André Breton à Louise Labé, de La Pléiade à Raymond Queneau, en passant par Prévert et Ferré –mais le Chemin de la Tour de Feu !
Pierre Boujut, son fondateur-tonnelier-poète, est de Jarnac. Chaque 14 juillet se tient là-bas son Congrès, cognac Charente et poésie, on s’y insulte fraternellement –on défait le vieux monde.
A mon premier retour de Congrès, enthousiasmé par Edmond Humeau, poète vivant de la contradiction vivante, je propose à mon maire que ma rue –alors simple route de campagne- porte son nom. Comme je n’obtiens pas de réponse j’insiste et le secrétaire de mairie me confie en aparté que c’est impossible : Edmond Humeau aurait été secrétaire du Secrétariat Général de Force Ouvrière, syndicat yanki comme on sait – or ici c’est une municipalité communiste – donc CGT. On ne me répondra donc pas –car ça ne sont pas des choses qui se disent cependant…
Quand six ans plus tard je deviens maire, Edmond Humeau commence déjà à mourir –mais il est tellement vivant encore que, le jour de l’inauguration du Chemin de la Tour de Feu, il parcourut la moitié du chemin où, assis-debout sur lui-même, il assiste à la coupure du ruban. Après nous pleurons l’un dans l’autre à bras enveloppants.
Plus tard, quelqu’un me reprochera qu’une rue ne porte pas son nom…

Extrait de Dictionnaire initiatique de l’Orant**

Distique

Trois fois Dieu

1. Dieu parapluie
_– s’il pleut c’est Lui –

2. C’est si beau
_– que j’ai envie de l’écrire –

3. Car (doute) – hein
et hein font Dieu ? –

Extrait de Ecrits d’avant l’écriture

Origines

Je viens du chien – et du serpent. Je viens de l’homme d’avant l’Homme. je me reconnais dans la pierre.

Je viens du cri – et de la mort. Quand vivre c’est être expulsé de l’Océan Doux. (Naître m’a tué.)

Je viens de l’eau – et du sel. D’où la mer a puisé ses vagues d’où les algues ont des yeux d’enfants. (Je viens de toi, mon amour.)

Je viens du feu – et de l’air. J’ai toujours soif, j’ai toujours cri. Je marche à grands pas vers l’azur.

_– Je viens de moi, aussi. –

Extrait de Un cadastre d’enfance –et quelques-unes de ses parcelles

Entre cadastre et cadavre
enfant je ne faisais pas
différence
ces deux mots m’étaient semblablement
mystérieux c’étaient tous deux
des mots de grandes personnes

J’en vins un soir d’espoir rare
à m’illuminer l’âme
à me faire un Noël de mots

CADASTRE DE CADAVRES
_— comme c’était beau !—

Plus tard j’appris sa signification :
CIMETIÈRE

Extrait de Maison de paroles

Fontaine (extraits)

Une fontaine, dans un village crevé comme celui-ci par la chaleur, est une église. Toute une liturgie, qui remonte certainement à la naissance de l’eau, y règle la vie des hommes. (…)
Toute l’activité du village s’y concentre, l’amour surtout. A midi, quand la fournaise invisible paralyse les êtres, les écrase comme de vulgaires insectes sous sa botte de feu, il n’est pas rare de rencontrer sur la place, à l’ombre tiède des marronniers, quelques couples qui s’étreignent et puis après se baignent, l’eau délicate conférant à leurs gestes un regain de bonheur.
Un bruit qui court, cette fontaine, une rumeur montant aux lèvres sèches, une cascade de baisers. Le jour, c’est le refuge de tout ce qui vit ; du microbe à l’enfant, de l’insecte à l’homme, c’y devient un tel concert de cris, de soupirs, une telle cacophonie de miaulements, de caquetages et de pituiteries qu’on ne sait plus si l’homme parle, si le chien aboie. Orateurs, commères et prophètes, orateurs comme votre tâche en est facilitée ! Vous pourriez jacasser, promettre et discourir, bien malin celui qui s’y reconnaîtra dans vos prosopopées, vos cailletages en mal d’enfant… Ainsi l’eau réconcilie les hommes, douce et superficielle.
Dans le bassin verdâtre, gluant d’algues et qui cerne le rocher, d’où la source, quand la sécheresse atteint son plus haut degré –alors les yeux se dilatent, les lèvres exsangues se convulsent, se retroussent comme celles des chevaux, les narines frémissent ; chacun est soumis au délire et l’on voit au seuil des maisons qui croulent doucement, les hommes à l’agonie, les femmes crasseuses qui se tordent de douleur en donnant le jour à d’infects embryons, et les enfants, légers comme de la paille, ne peuvent pas pleurer tant leur corps est à sec- il y a une ombre de jeune fille, une esquisse, qui rôde entre deux eaux.
Et les hommes jeunes se traînent lamentablement vers la fontaine, qui à genoux, qui sur le ventre, le sexe droit et la langue pendue, avalant à pleins poumons la poussière acide qui achève la moitié d’entre eux.
Les quelques survivants, dont la peau sale pendouille sur les os, ont peine à se jeter dans le bassin étroit, où misérables ils s’échouent, à demi noyés tandis que les plus rudes, penchés sur la margelle, contemplent avec avidité le corps fluide de la vierge. Ils la regardent, ils l’apprivoisent dans leurs mains tremblantes, puis ils la portent aux lèvres avec volupté.
Et leurs femmes ! et leurs femmes qui sont venues aussi, croient embrasser un homme en portant jusqu’à leurs seins quelques gouttes du précieux liquide ; elles le laissent pénétrer dans les corsages, et rêvent qu’une main poilue leur caresse le sein. Elles baisent humblement la surface de l’eau, et soupirent.
Avec un désespoir côtoyant la folie, l’espérance, tous plongent leurs bras et leurs visages dans le bassin, ils promènent leur détresse au bout des doigts, cherchant, mais vainement, à saisir l’ombre fluctuante, celle d’un homme, celle d’une femme, l’ombre androgyne peut-être. (…)

Extrait de Premier cahier de Préhistoire**

Génie

Il nous fallait inventer tout : l’homme – et Dieu.

Nous l’avons fait. – Et la racine des fleurs amères, et l’amour doux.

_____– La barbarie, c’est après. –

Extrait de Un cadastre d’enfance – et quelques-unes de ses parcelles

Il y a trop de trous dans le Temps
Tous les enfants le savent
c’est pourquoi ils les comblent
de rêves

Il y a trop d’oubli dans la Vie
Tous les enfants en savent
quelque chose c’est pourquoi
ils veulent grandir

Il y a trop de savoir dans l’Enfance
c’est pourquoi les adultes
en ont peur : les enfants savent tout
par ce qu’ils devinent

que les grands ont des trous de Mémoire
des trous de Rêve et d’Innocence
et qu’il les comblent
de Vide.

Extrait de 21 placards en forme de poing et de main**

Je te salue camarade

Je te salue toi qui entres
et je salue ta main
De ta présence
le cercle s’agrandit
_- notre cercle -
et la mort se referme
se fane

Plus tard
quand nous serons tous rassemblés
et par millions de milliers
plus tard – mais bientôt
_______ qui sait ? –
c’est à pleines brassées
que nous en charrierons les pétales
Et nous allumerons un feu de joie rousse
de tiges sèches de feuilles racornies
Maintenant
je te salue camarade

Je te salue
car tu es déjà porteur de toi-même
et aucune main n’est assez grande
_______ assez forte
pour te contenir
assez noueuse pour t’enchaîner
à moins que toi
Mais tu es surtout porteur
de plus que toi de bien plus

En toi c’est un peuple qui marche
qui s’offre déjà à lui-même allant
presque réconcilié
peuple neuf
et cependant si ancien que sa légende remonte
sans doute
à la prénaissance du monde

Et cela
aucune main n’est assez grande
_______ assez forte
pour le contenir
assez noueuse pour l’emprisonner

C’est ce peuple en toi
ce peuple - toi que je salue
c’est ce peuple qui entre
il tient à bout de bras son destin nu

et j’ouvre ma porte

bonjour
je vous salue camarades

Extrait de Guérir par les mots**

De la poésie par les simples

La Poésie, traitement du mal par le beau, est une thérapeutique millénaire indistinctement utilisée par les derniers premiers hommes que par le dernier des derniers.
Outre son aspect médico-sociétal, la Poésie prend une dimension cosmique à travers différents pratiques, religieuses ou magiques, mais aussi en tant qu’élément de la vie chaotidienne. Don du Cierre – ou de la Tiel, selon la posture ontologique de chacun - .
Symbole de régénération autant que de fermentation autistique, manifestation de l’Energie Créative, la Poésie est partie intégrante de notre environnement surnaturellement réaliste : il y a en effet dans la Poésie des ressources que l’homme ne peut puiser ailleurs que dans la femme.
Avec l’avènement des néo-post-modernes, l’homme a fait de grands progrès dans la non-connaissance des non-lois esthétiques. La médecine artistique s’est ainsi développée dans une certaine forme de non-pensée ma non troppo pensée, amenant de réels méfaits à l’humanité ma non troppo souffrante. Le petit-bourgeoisisme enculâtro-fellationnel a pu ainsi développer ses tantes-à-cul totalitaires.
De nombreuses thérapeutiques empirico-révélées, en particulier l’utilisation des simples, disparurent de l’enseignement officiel et ne se transmettaient plus que par la persévérance de certains praticiens du langage convaincus du bien-fondé de ces techniques d’amour qu’on nomme « poèmes ».
Grâce à la non-demande d’un non-public non-déçu par ce qu’il ne connaissait pas, mais grâce à quelques belles approches revuïstes, la Poésie, médecine par les simples, tend à retrouver la place qu’elle mérite dans le traitement des maladies d’être et la prévention des furonculoses existentielles.

En conclusion :

Le principal reproche qu’on puisse adresser à la Poésie, c’est les poètes.

Extrait de Giai-Miniet / Nadaus

MACHINE à vent MACHINE à pluie gémissent
les turbines
pistons et bielles meuvent
la nuit

Bruits de cardans d’orage sifflements de courroies
de pluie
culbuteurs vilebrequins hennissent
le vent brutal meut les hélices
et tu t’ennuies
car tu n’as RIEN à dire
ni personne
à prier

Tu écoutes la Machine Obscure qui broie
la nuit
et tu caresses ton insomnie qui ronronne
_- mais qui méchamment te griffe dès que tu fais mine de t’assoupir
de sommeiller de somnoler de l’ignorer –

Elle te machine
des souvenirs des souvenirs à n’en plus finir
de te rappeler
elle t’enjoint de ne pas DORMIR sous peine de MORT
et ses pignons ses vilebrequins ses poulies
mâchent
et REMÂCHENT ton ennui paille et grain
et tu l’écoutes cette MACHINE INFERNALE de nuit
et de pluie
et de vent et d’ennui METAPHYSIQUE
tout en caressant ton ANGOISSE et son CHIEN tout en
sirotant
amer et las la potion du Docteur Whisky

ENDORMIR LA MORT DÈS SA NAISSANCE

Extrait de Je ne tutoie que Dieu et ma femme**

Ne meurs pas !

___ Ne meurs pas :
J’ai lavé la cuisine ce matin et elle est déjà sale
il vient de me pousser un onzième doigt ne meurs pas !
J’ai appris à manger la boue et le silence et je n’aime plus la musique et la musique ne m’aime pas il y a un manège dans la cour ne meurs pas ! il y a des chevaux de bois dans ma mémoire malade.
Ne meurs pas ! ne meurs pas le téléphone ne fonctionne pas encore dans le caveau de famille et les morts de toute façon s’y croisent les bras ne meurs pas : tu as oublié de fermer le gaz ta vie va encore déborder et tu vas me suicider une nouvelle fois ne meurs pas ! je n’en peux plus de t’aimer.
Je suis fatigué ne meurs pas car tu t’appelles Gaïa ma terre et c’est en toi que je renais j’ai acheté le journal ils en parlent ils disent que j’ai raison de t’aimer ne meurs pas ! ce n’est pas annoncé ce n’est pas en première page et je n’ai pas fini de t’aimer. J’ai réservé une table au Restaurant des Morts-Debout on y mange à l’envers sa propre vie en racines par les deux bouts je te le dis ne meurs pas il faut encore que je t’écrive et je n’ai pas commencé c’est tout juste si j’ai appris à t’aimer.
Ne meurs pas sans toi la solitude n’est pas solitude et je me vouvoie hors de moi dès que tu n’es pas là dis : ne meurs pas. Dis ne meurs pas quand même puisque je t’aime jusqu’à la fin de moi.

Extrait de 19 quintils pour finir le siècle ici (plus 1 pour survivre)**

Perte de sens

Et puis tu es
hors
de chez toi et soudain c’est toi
l’Étranger !
_- et tu n’as même pas de Passeport…-

Extraits de 39 prières pour le commun du temps**

La Petite Genèse

1. Et ce jour-là, Dieu-le-Verbe prit de la fine poudre d’argile qu’on nommait kaolin, et Il fit un homme blanc – et Il vit que cela était bon
2. Alors Dieu dit : « Faisons un homme noir à l’image du blanc selon sa ressemblance, afin qu’il soit son frère d’ombre,
3. et Dieu prit une poignée de tourbe et Dieu fit comme Il avait dit, et Il vit que c’était bon.
4. Dieu dit : « Il n’est pas sain que ces deux-là soient seuls. Je veux leur faire un autre frère de couleur afin qu’ils apprennent à Me connaître sous toutes Mes formes et apparences »
5. et Il façonna une motte de lœss qu’Il prit sur les bords du Fleuve Jaune, et il lui insuffla dans ses narines une haleine de vie, et Il vit que cela était bon.
6. Alors Dieu fit tomber une torpeur sur Ses trois créatures et, pour leur faire une bonne surprise à leur réveil, il décida de leur donner un quatrième frère de couleur rouge
7. et Il prit un peu de marne en Ses mains d’où naquit l’indien, et Dieu vit que cela aussi était bon.
8. A leur réveil, les quatre frères commencèrent à se chamailler et Dieu, en Sa bonté, décida de leur offrir un autre être encore, afin qu’ils puissent apaiser sur celui-ci leurs colères
9. et faisant un mélange des restes de kaolin, de tourbe, de lœss et de marne, il créa le juif et Il vit que cela était bon
10. car les quatre frères ne se disputaient plus entre eux mais passaient fraternellement leur éternité à bâtir des pièges et à inventer des tortures pour que le juif y succombe
11. alors Dieu vit tout ce qu’Il avait fait, et voici qu’Il décida de chômer un peu et Il s’endormit, et Il vit que cela aussi était très bon.
12. A Son réveil, Dieu dit : « Mon œuvre sent la merde : l’homme aurait donc été capable d’inventer quelque chose tout seul » et c’était vrai : Ses cinq créatures avaient tant et tant déféqué, pendant Son sommeil, que le Paradis n’était plus qu’une gigantesque latrine.
13. Alors Dieu prit entre Ses mains toute cette merde humaine, et Il en modela le poète ; et Il vit que c’était bon, que c’était même le meilleur parce que, enfin, la matière allait redevenir Verbe…

Extrait de Les escargots sont des héros**

Poète à pied

Les escargots sont des héros
ce sont grands mangeurs de poèmes
et de laitue sais-tu
que dans l’équation de leur coquille dans le calcul de
leur caravane sur leur dos ils transportent le poids du
monde et ses mystères à hélice les escargots sont des
héros même tes chagrins
ils les portent
sans rien dire
en silence ils calculent
l’exact poids de tes sanglots
c’est pour cela qu’ils en bavent car
il n’y a pas
que les hommes
pour en baver
il y a aussi les amateurs
de laitue de poèmes
et parfois ce sont les mêmes même
s’ils n’ont pas tous l’air
d’escargots

Extrait de Prières pour les jours ordinaires**

Sabbatique silence

Donc laisse du Vide dans ta parole
sois humain
n’oublie pas que Dieu lui même
le septième jour se tut
_- laisse une place pour l’Autre quand tu parles…-

**Tous ces textes ont été repris dans l’anthologie personnelle Vivre quand même parce que c’est comme ça, éditée par Louis Dubost (L’Idée Bleue) et rééditée, complétée, par Yves Artufel (Gros Textes). Choix effectué par Jacques Fournier, préfacier.


Bibliographie

Poésie :

  • Maison de paroles, Mercure de France, 1969 *
  • A un clerc de Babel, Lieu Commun, 1972 *
  • Monde tel, préface de Pierre Leyris, Pierre Jean Oswald, 1975 *
  • 21 placards en forme de poing et de main, Fond de la ville, 1976 *
  • Petites comptines pour un gros cochon, Le Dé bleu, 1977 *
  • Jours à la colle, La Surgeôlière, 1977 *
  • Douze cocktails à servir pour réussir dans l’hexagonerie poétique (plus un
    treizième)
    , Incandescence, 1978 *
  • Pour un manifeste du réalyrisme..., 1978 *
  • 39 prières pour le commun du temps, Jacques Brémond, 1979
  • Ecrits d’avant l’écriture, La Bartavelle, 1991*
  • Premier cahier de préhistoire, Verso, 1991 *
  • Je ne tutoie que Dieu et ma femme, Jacques Brémond, 1992
  • Dictionnaire initiatique de l’orant, préface d’Edmond Humeau ; La Bartavelle, 1993 *
  • Lettre à Saint Glinglin, Jacques Brémond, 1995
  • Esopiennes, fables en prose, La Bartavelle, 1996*
  • 19 quintils pour finir le siècle ici (plus un pour survivre), Clapàs, 1997 *
  • 365 petits quintils (plus 1 pour les années bissextiles), Jacques Brémond, 1997*
  • En cas d’urgence, quintils, Gros Textes, 1999*
  • Prières pour les jours ordinaires, Editions de l’Atelier, 1999
  • Le chat (du Chester) d’Alice, Alain Benoît, 1999*
  • Tableaux d’une exposition de Modest M., La Bartavelle, 2000*
  • Giai-Miniet / Nadaus, Del Arco, 2000*
  • Qu’la Commune n’est pas morte, Encres vives, 2001
  • Nadaus / Giai-Miniet, Ed. Ça presse, 2001*
  • Le sentiment du pas grand-chose, Clapàs, 2002
  • Dieu en miettes, La porte, 2002
  • Con d’homme et autres jeux de langue d’ô, Revue Ficelle, 2002, illustrations de Scanreigh
  • Vivre quand même parce que c’est comme ça (anthologie par Jacques Fournier) Le Dé Bleu, 2004, couverture de Ben-Ami Koller*
  • Guérir par les mots (Poèmes médicaux médicinaux et pharmaceutiques), Cadex, 2004, vignettes de Lewigue
  • Les grandes inventions de la Préhistoire, poèmes en prose ; Ed. Corps Puce, 2008
  • Prières d’un recommençant, poèmes ; Editions de l’Atlantique, 2009*
  • Les escargots sont des héros, (illustrations de Sophie Clothilde) ; Soc et Foc, 2009
  • Vivre quand même parce que c’est comme ça (Le Dé Bleu), réédition augmentée (couverture de Giai-Miniet) Gros Textes 2012
  • Un cadastre d’enfance – et quelques-unes de ses parcelles (couverture Isabelle Clément) ; Editions Henry, 2013
  • Sonnet du masque à gaz (sur une gravure de Giai-Miniet) ; Editions du Nain qui tousse, 2014
  • D’un bocage, l’autre (couverture Isabelle Clément) ; Editions Henry, 2014

(*) Épuisés

_
_
(page élaborée avec la complicité de Cécile Guivarch)


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